La Foire du Livre de Bruxelles
Se souvenir de la Foire du Livre de Bruxelles nous fait revivre une soirée presque surréaliste à l’heure où les rues sont désertes ou presque. Par ma fenêtre, j’observe les magnolias pousser et les joggeurs qui s’évitent, traversant la rue en bas de chez moi comme des gouttes de pluie sur le pare-brise.
Je me rappelle alors de la clameur, une onde moite, bruyante et brouillée de voix. Salutations, rencontres, retrouvailles. Les habitués frayaient leurs chemins dans ce labyrinthe de stands et les autres flânaient parmi les convives de cette fête du livre.
Si le soleil, si doux, qui caresse les fenêtres d’en face et le silence de Bruxelles me feraient relire la Peste de Camus, ce n’est pas à Oran mais au Maroc que cette édition nous emmenait.
Pourtant, je dois bien avouer que je ne me suis attardée quasiment que sur des recueils de poésie, hésitant entre petits trésors arrivés de Montréal, pour la plupart. J’ai découvert les éditions l’Oie de Cravan et la plume voyageuse de Desrosiers. Une écrivaine morte à 26 ans et n’ayant laissé pour héritage à la terre que quelques lignes posthumes.
La Foire du Livre de Bruxelles est toujours l’occasion de découvrir des univers différents et de s’étonner à chaque fois des diverses manières qui existent de célébrer les mots.
Ça se joue toujours au coup de cœur pour moi, entre une gorgée de vin blanc et une quatrième de couverture. Comme un vin que je choisis en fonction de ce que je veux puis de son nom ou de l’étiquette si c’est original ; je me dirige vers la poésie et je prends la première couverture qui me dit quelque chose.
Les lettres ne sont pas snobs, élitistes, de niche. La poésie en tout cas. Parfois la littérature se donne des airs mais il ne s’agit pas de ça, il s’agit de ressentir. Un livre c’est comme le vin, il faut prendre celui qu’on aime, celui qui nous goûte, celui qui nous tente. Il ne faut pas s’embarrasser de jargons alambiqués, il faut s’ouvrir à une rencontre et la vivre.
Plus loin, je découvre des encyclopédies, des BDS et mêmes des livres de photographie que je caresse d’un air distrait et parfois un peu curieux mais c’est avec deux recueils éditées par l’Oie de Cravan que je prends les derniers transports : Nombreux seront nos ennemis de Geneviève Desrosiers et Lune très belle de Frédérique Roy.
« Je ne sais pas comment vous dire que je vous ai aimés, je vous aimés jusque dans les restes de vos âmes enfouies », me dit Lune très belle . Et c’est bien ça finalement les livres pour moi : il s’agit d’une longue causerie d’amour entre âmes.