Le Festival Vignette pousse son premier cri
La BD indé se réjouit

Du 13 au 15 juin, le Festival La Vignette pose ses valises sur la Place Van Meenen, en plein cœur de Saint-Gilles, pour une première édition qui promet d’envoyer du bois. Exposition, rencontres, concerts et bien sûr salon du livre : les festivités se tiendront en plein air, dans un esprit de gratuité et de partage, propice à la découverte de la bande dessinée alternative, puis de toutes les autres formes qui gravitent autour.
C’est un petit événement dans le milieu de l’édition indépendante bruxelloise : un nouveau Festival hisse son drapeau et il y a beaucoup de monde à bord. Plus de trente exposant·es ont répondu présent·es à l’invitation de l’équipe d’organisateur·ices de La Vignette, composée d’Anthony Hranyczka1, Antoine Carcano2, Chloé Horta3 et Barbara Chalufour4. Certes, il existe à Bruxelles une offre de salons de microédition plus ou moins pointus, mais celui-ci cherche à s’inscrire dans la durée et à questionner plus particulièrement l’élasticité de la bande dessinée alternative contemporaine.
« Anthony et moi sommes partis du constat qu’il manquait un festival d’édition indé rassembleur et par lequel on se sentait représentés, dans l’esprit de ce qui existait auparavant avec Cultures Maison5 », explique Antoine Carcano pendant sa pause déjeuner aux Ateliers du Toner. « Pour nos structures, la diffusion se fait souvent par l’événementiel, c’est donc un point essentiel. »
Et voici comment, trois heures de réunion plus tard ‒ à l’issue de laquelle le nom La Vignette sera tiré d’un chapeau parmi d’autres propositions « bien débiles » ‒, un festival est né.
Tout un programme
Loin de vouloir s’enfermer dans un entre-soi, La Vignette propose une programmation variée, en faisant jouer les forces locales, mais pas seulement. Antoine Carcano souligne à ce titre l’importance du regard de Chloé Horta, dont le travail ne s’inscrit pas en bande dessinée. Son point de vue et son expérience dans l’événementiel ont permis d’enrichir la proposition. « Pour cette édition zéro, on a voulu inviter des structures éditoriales alternatives dont on aimait les livres, qui travaillaient à proximité (mais pas forcément en Belgique) et qui gagneraient selon nous à mieux se connaître. »
En effet, la programmation est pensée pour créer des liens entre cette constellation de maisons aux formes diverses et variées. Une exposition retrace ainsi leurs parcours ‒ parfois accidentés ‒ depuis les dix dernières années. Intitulée « 2015-2025 : 10 ans de création et de récit », elle se tiendra à la librairie Le Léviathan (rue du Fort 28, à 5 minutes à pied du site) pendant la durée du festival et on y retrouvera des premiers livres, des flops et des tops, des tirages, des originaux, des flyers, puis d’autres artefacts témoignant du « tourbillon de la micro-édition ». Des conférences se tiendront aussi sur la place du vendredi au dimanche : une invitation faite au public pour se glisser dans les préoccupations des acteur·ices du livre. Enfin, misons que les trois concerts du vendredi soir, rassembleront tout ce beau monde sur la piste de danse avec les tubes de Thomaslovefashionverviers puis un DJ set de Maldita Rita qui promet de nous emmener « aux portes de l’enfer ». Même pas peur !
Et les livres dans tout ça ?
Il faudra une sacré bonne boussole pour se repérer parmi les catalogues disponibles sur table pendant ce long week-end de fêtes. On y croisera ainsi des maisons alternatives jouissant d’une belle reconnaissance, comme L’Apocalypse co-pilotée par JC Menu, L’employé du moi, qui a raflé deux Fauves pour Les Contes de la Mansarde au dernier festival d’Angoulême et sort ce mois-ci Sangliers de Lisa Blumen qui a de bonne chance de se retrouver au palmarès de la prochaine édition, mais aussi le FRMK, dont l’une des dernières sorties, La Montagne de Valfret, a mis toutes les critiques en pâmoison. Plus confidentielles, mais bien connues dans le milieu de la BD indé, on se régalera des nouveautés des catalogues de Brumeville, Du Noir Sous les Ongles, En 3000, Mardi Soir et d’autres.
Côté fanzine « pur et dur », il ne faudra pas rater le dernier numéro du magazine de SF féministe Fémixion, qui rassemble vingt participations d’autrices talentueuses autour du thème JEANNE DARK. La collection « Attention » de Que scay je ? en collaboration avec le collectif Triples sec sera quant à elle présenté le jeudi 12 juin à 18h chez Tropicall Records, une mise-en-bouche avant le festival où vous pourrez trouver les quatre zines qui la composent. Il faut enfin noter la présence de Poïjuku Tessy, le plus international des fanzines de Bruxelles, dont le dernier numéro a été sélectionné au FIBD (on dirait que je fais une fixette, mais c’est juste pour insister sur la qualité des projets).
Si vous préférez ne pas vous orienter vers un catalogue précis, les stands tenus par le Paratoner, le Sterput, Ice Screen et la librairie Le Léviathan offriront une sélection éclectique dans laquelle se perdre. Enfin, j’y serai personnellement pour représenter la maison d’édition jeunesse CotCotCot. N’hésitez pas à me demander conseil, ça ne vous coûtera qu’une pils en dédommagement !
Pour retrouver toutes les infos sur le Festival et les noms des exposant·es, leurs comptes Instagram et Mastodon sont à retrouver ici : https://linktr.ee/LaVignetteFestival