critique &
création culturelle
    2017 selon nous (4)

    La rédac’ s’est mobilisée pour vous communiquer ses coups de cœur de l’année. Peut-être y découvrirez-vous des choses, peut-être en aurez-vous aimé certaines, ou peut-être ne comprendrez-vous pas certains choix. Dans tous les cas, laissez-nous une trace de votre pensée en écrivant un message au bas de chaque article, quel qu’il soit ! 2017 selon nous, c’est parti.

    1. The Deuce de David Simon et George Pelecanos

    Un récit chatoyant et complexe qui entretisse les déboires d’un groupe d’individus baignant dans la drogue et la prostitution à Manhattan dans les années 1970 et s’ouvre sur la voix chaude et prophétique de Curtis Mayfield « If there’s a hell below, we’re all gonna go ».

    The deuce , « le diable » en argot,  se réfère aussi à la 42 e Rue de New York, entre la 8 e et la 9 e Avenue, paradis des dealers et des maquereaux. HBO a diffusé les huit épisodes de la première saison en septembre 2017 (la série a déjà été reconduite pour une deuxième saison).

    Si le fait que cette série dépeigne la grosse pomme, pourrie jusqu’au trognon, ne suffisait pas, je pourrais vous convaincre de la regarder pour plusieurs raisons. Commençons par la musique, une bande originale florissante, recherchée et funky, puisant dans le rock, le disco, le blues des seventies ; qui donne corps et fait danser les personnages sur les trottoirs glauques d’une ville gigantesque et menaçante, qui est un personnage en elle-même, respirant et se nourrissant des âmes qui l’habitent. La beauté particulière de cet endroit, dénué de grâce et d’ordre mais non de passions et de valeurs, est sublimée d’une façon particulière et inédite. Un changement dans le traitement de ces tropes un peu épuisés ces dernières années (les drogues et la mafia dans Narcos , Breaking Bad , etc.). Pour la première fois depuis le début du XXI e siècle, une série mainstream , très largement diffusée et marketée, s’attache à représenter avec justesse les luttes quotidiennes de ceux que certains qualifieraient d’engeance ou de low lives .

    Les personnages (policiers, maquereaux, une prostituée à son compte, une jeune étudiante bourgeoise), tous plus ou moins avancés dans leur perdition, se démènent dans leurs propres ténèbres (soucis familiaux, argent, homosexualité cachée, complexe de classe). Si on y trouve certains acteurs archi-connus comme James Franco (pour un rôle de jumeaux flamboyants !), ou Maggie Gyllenhaal (en mère célibataire se prostituant), la plupart des autres rôles sont tenus par des acteurs relativement peu vus auparavant. Un tour de force assez impressionnant. On peut par ailleurs féliciter le directeur du casting pour la variété de ses choix, incluant des protagonistes de toutes origines et orientations sexuelles, offrant un large spectre de vies à l’image de New York, elle-même diverse. Leurs existences courageuses et touchantes y brillent.

    Une fiction qui aurait pu être glauque et écrasante mais l’émotion transmise par les interprétations de ces destins complexes et sinueux, la beauté de la photographie d’époque, en fait une histoire lumineuse portée par la musique, une ode à la liberté et à la survie moderne.

    2. T2 (Trainspotting 2) de Danny Boyle

    « If you think you are too old to rock’n’roll then you are. »

    Parce que j’ai attendu cette suite tellement longtemps. Parce que finalement, et je l’ai toujours senti, Spud était un des personnages les plus intéressants dans ce groupe de bras cassés. Pour la fin de ce film surtout, poétique et douce-amère, qui nous ramène en nous-mêmes et nous invite à contempler notre vie et nos choix. Une immense explosion d’énergie et de musique, un film véritablement jubilatoire, bien à la hauteur du premier.

    3. Pollynor (artiste BD)

    Pollynor est une jeune illustratrice new-yorkaise basée à Londres. Ses dessins à la fois drôles et torturés représentent les femmes et leurs démons englués dans la vie moderne : anxiété, stress, culpabilité, insécurité, complexes. Depuis 2011, elle a reçu des commandes de plusieurs magazine d’arts visuels, et ses créatures mi-monstres mi-femmes déjà cultes déferlent aussi sur Instagram et sont déclinés en t-shirts. Récemment, elle a illustré et donné corps à la chanson Halfway to Nowhere de Chelou.

    Page web : pollynor.com/

    4. Life de Daniel Espinosa

    Une force extraterrestre destructrice – Calvin – se propage rapidement au sein de la station ISS, conséquence de tests scientifiques maladroits menés par l’équipage. Des effets spéciaux glaçants, une réflexion humaniste et scientifique, et un scénario terrifiant partant d’éléments potentiellement réels. Un film d’horreur sci-fi (d’anticipation… ?) qui vous happe dès les premières minutes.

    Même rédacteur·ice :

    The Deuce
    Réalisé par David Simon, George Pelecanos
    Avec James Franco, Maggie Gyllenhaal, Gbenga Akinnagbe, Chris Bauer, Gary Carr
    États-Unis, 2017
    Une saison de 8 épisodes de 59 minutes (84 pour le pilote)

    T2 (Trainspotting 2)
    Réalisé par Danny Boyle
    Avec Ewan McGregor, Ewen Bremner, Jonny Lee Miller
    Royaume-Uni, 2017
    117 minutes

    Polly Nor (artiste BD)

    Life
    Réalisé par Daniel Espinosa
    Avec Jake Gyllenhaal, Rebecca Ferguson, Ryan Reynolds
    États-Unis, 2017
    102

    Voir aussi...