critique &
création culturelle
Shetahr
whaaaat !?!

Il y a quinze jours, Shetahr, groupe de trash pop flamand, était l’invité de la galerie Karoo . Voici ce qu’ils disent de leur label, de leur musique et de leurs goûts littéraires et cinématographiques.

Il y a quinze jours, Shetahr, groupe de trash pop flamand, était l’invité de la galerie Karoo . Voici ce qu’ils disent de leur label, de leur musique et de leurs goûts littéraires et cinématographiques.

Shetahr, qu’est-ce que ça signifie ?
Apparemment ça signifie « connard » dans une espèce de français arabisé, mais en réalité ça vient d’une impro que l’on a fait pendant notre première répétition.

I got some friends in a garage with a cheetah. Are they locked up? Yes. Can we kill them? Maybe I will kill the cheetah or my friends, I’m not sure, oh my god. Kill the shetahr, kill the shetahr, kill the shetahr, kill the shetahr… or my friends.

Comment s’est déroulé l’enregistrement de votre EP et de votre LP à venir ?
Nous avons enregistré notre première cassette A sausage Has 2 sur bandes dans notre propre local de répète. Nous en étions très contents mais nous nous sommes rendu compte que nous pouvions aller un peu plus loin dans le son. Nous devions capturer l’énorme énergie qui habite nos concerts, et ça n’allait pas encore suffisamment en ce sens. Avec Hidden Dragon , notre nouveau disque qui sort sur KRAAK Label, nous avons tout fait pour avoir le son que nous cherchions. Nous avons enregistré les trois chansons en un jour au studio The Yellow Tape à Gand. Peter Van der Veire a enregistré et mixé le tout en analogique. Peter est un mec super, il a rendu les choses confortables et il nous a poussés dans nos derniers retranchements pour pouvoir avoir cette énergie live sur disque. Son studio donne aussi une super-ambiance : un cabanon surélevé dans la campagne avec des vaches mugissantes de l’autre côté de la rue. Frédéric Alstadt a fait le mastering et… Kazam ! (NDLR : l’onomatopée équivalente en français serait « bam ! ») : un putain de disque. Nous étions super-excités de sortir la bête !

Qu’est-ce que KRAAK1 , votre label, représente pour vous ?
C’est un label qui repose sur la qualité et l’innovation. Ils n’ont pas peur de découvrir de nouveaux horizons, c’est important de le dire. Nous étions en contact avec Pauwel de Buck et Niels Latomme, qui dirigent KRAAK depuis un an. Ils étaient intéressés par notre musique et nous avons appris à mieux les connaître. Nous aimons travailler avec eux parce qu’ils comprennent ce que nous essayons de faire et qu’ils nous laissent faire notre truc.

Vous vous qualifiez de trash pop , alors que l’esprit me semble plutôt punk . Pourquoi trash pop ? Est-ce une volonté de se rendre plus accessible ?
Nous nous qualifions de pop parce que nous aimons vraiment l’idée de faire des chansons pop. Beaucoup de nos chansons sont au fond des poèmes d’enfants camouflés. La combinaison de notre manière de jouer rudimentaire, de notre set up 2 dépouillé et de notre son in your face donne à notre musique un côté pop déjanté. Tu peux appeler ça du punk mais c’est une étiquette plutôt vide à utiliser aujourd’hui et ça ne colle pas tout à fait à Shetahr.

Un livre ?

Nick : Je lis pour le moment The Bell Tolls for No One , un recueil de nouvelles écrites par Charles Bukowski. Ça aide vraiment.

Lotte : Frankenstein de Mary Shelley et J’irai cracher sur vos tombes de Boris Vian sont de loin mes favoris…mais le meilleur reste les Chants de Maldoror de Lautréamont (Isidore Ducasse), avec son style solennel qui contraste avec l’horreur et la terreur du contenu. Maldoror combat notre monde corrompu avec le pouvoir de l’absurde.

Maarten : Je ne lis rien pour le moment mais je voudrais le faire, je sens que je deviens de plus en plus débile. Un grand livre à lire : Limonov d’Emmanuel Carrère.

Un film ?

Nick: C’est arrivé près de chez vous , Evil dead 3 : Army of Darkness et bien d’autres films dans lesquels le monde chute et où personne ne survit, sauf peut-être un trisomique.

Lotte: Les films théâtraux, dans lesquels il n’y a qu’une pièce avec des dialogues virulents comme Douze Hommes en colère et Qui a peur de Virginia Woolf ? , et les films où l’on tue sans raison comme Natural Born Killers . Et regarde Blood Diner ! Un film violent et cannibale dans lequel apparaît la déesse Sheetar. Nous ne savions pas ça avant de commencer le groupe.

Maarten : The Beaver avec Mel Gibson, et Zombeavers .

Une autre œuvre ?

Nick: Arthur Cravan !!!

Lotte: J’aime le travail de Kurt Ryslavy, pour nommer un artiste vivant. Il pousse jusqu’à ses limites les règles du monde de l’art pour qu’elles s’effondrent sur elles-mêmes. Il ne les écrase pas mais les étire jusqu’à ce qu’elles fonctionnent ensemble, c’est terrible et grotesque. Ryslavy est très présent dans son travail en tant que performer , peintre du dimanche, marchand de vin… Son travail ne ressemble pas à de l’art (comme la plupart des œuvres d’art aujourd’hui), mais ça le vide de sa substance.

Maarten: En musique, je suis un grand fan de Jim Shepard (pas le romancier !), le gars qui a évolué dans Vertical Slit, V-3, Ego-Summit… Tout ce qu’il a fait est magique et libre et c’est tout simplement excellent. Je crois en son travail, car il représente tout ce que la musique peut être. Il est toujours dans mon lecteur mp3 ou dans ma mixtape mentale. Dans le domaine des arts, Martin Kippenberger (dont sa sœur, Susanne Kippenberger, a écrit une super-biographie : à lire absolument !)

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Même rédacteur·ice :

À paraître prochainement : Hidden dragon , sur KRAAK

Zombeavers
Réalisé par Jordan Rubin
États-Unis, 2014
Avec Rachel Melvin , Cortney Palm , Lexi Atkins
77 minutes

The Bell Tolls for one one
Écrit par Charles Bukowski
Édité par David Stephen Calonn e
City Lights Books, 2014
306 pages

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