Paul est un jeune homme abandonné par sa mère, Jeanne, alors qu’il n’a  que quelques jours. Il la retrouve des années plus tard, à l’âge adulte. Amour(s) raconte la difficile relation entre une femme  et son enfant qui sont de parfaits étrangers l’un pour l’autre. Une histoire d’amour principalement épistolaire entre l’euphorie des retrouvailles et la fureur d’une déchirure. Comme une fleur qui s’effeuille. Il s’agit d’une adaptation du roman Lettre à ma mère de Léautaud.

Le fils à fleur de peau retrouve la mère obsédante et fantasmée. Retrouvailles maladroites, amour débordant contre amour contenu, difficulté de s’y prendre, incompréhension, rupture et puis le silence. D’abord les rapports parfois incestueux de l’enfant devenu homme avec cette femme séduisante puis la distance et les lettres pour tromper l’éloignement.

Cet amour parfois ambigu se tisse et se défait de lettres en lettres. Des lettres comme une conversation instantanée : les caresses traversent le papier comme les gifles. Des mots comme des coups de bêche aussi violents que le besoin vital d’être aimé. Ils se toisent, s’attrapent, se repoussent avec leur histoire en filigranes sur une toile blanche de vêtements pour femmes. De l’image lisse qui précède les premiers mots au faire-part comme ultime réponse, des années s’écoulent sans chasser la violence et le spectre de la solitude. Il y a celui qui a trop de mots, trop d’amour et celle qui ne sait pas quoi en faire, remplaçant les réponses qu’elle ne trouve pas par des cadeaux. C’est l’histoire d’un rendez-vous manqué. Nicolas Poels et Florence Hebbelynck incarnent avec une sensibilité crédible et percutante ces deux êtres qui se rencontrent sans jamais se retrouver.