critique &
création culturelle
Entretien avec
Marie Rosen

Exposée pour la quatrième fois chez le galeriste Francesco Rossi, Marie Rosen a joué le jeu de l’entretien qui, pour l’occasion, se partage entre lecture et audio-vidéo.

Exposée pour la quatrième fois chez le galeriste Francesco Rossi, Marie Rosen a joué le jeu de l’entretien qui, pour l’occasion, se partage entre lecture et audio-vidéo.

Karoo : On va s’intéresser en particulier à trois tableaux pour essayer d’aller au-delà de la simple vision. Quelle était l’intention derrière ceux-ci ?

Marie Rosen : Le premier tableau est en fait celui du carton d’invitation (cfr. la vidéo ci-dessus, le premier tableau). C’est un homme assis, un personnage classique dans mes peintures. J’aime faire des petits personnages à cette échelle-là. Au niveau de l’intention, il n’y en a pas de spécifique par peinture. C’est une intention générale que je mets dans toutes mes peintures qui est de construire de simples images avec des petits éléments qui viennent du quotidien. Et la narration ou le discours arrive au moment de la peinture. Le tableau me semble fini quand le discours qui s’en dégage est le bon. Mais c’est difficile de le définir, je le sens quand c’est le bon.

Tu sais dès le départ s’il y aura des personnages ?

En fait j’aime vraiment beaucoup la technique, j’ai une sorte de volonté d’être technique. Dans ma manière de peindre à l’huile (déjà c’est à l’huile, c’est ce qu’il y a de plus technique…), je laisse beaucoup de part à l’accident et à la façon dont la peinture réagit, comment les choses se construisent. Quand l’espace commence à apparaître, c’est à ce moment-là que les éléments se placent les uns sur les autres. Ces espaces sont irréels, ils sont mentaux mais sont inspirés d’images que je glane. Si j’ai besoin d’un coin de mur ou d’une petite spécificité au niveau des ombrages, par exemple, je fais une recherche. C’est flagrant sur la deuxième peinture (cfr. la deuxième peinture exposée dans la galerie ) parce qu’on voit les allers-retours, il y a énormément de couches qui sont très (voire excessivement) fines.

On remarque qu’il y a des sujets très géométriques, et puis il y a des apparitions organiques qui se mêlent d’ailleurs très bien à la géométrie.

Une des choses que je fais souvent, c’est que je ponce. Je peins sur bois, j’ai donc un support très rigide que je peux « maltraiter », sur lequel j’interviens parfois de manière abrasive. Ça me permet de créer des rebonds et de fondre ensemble des sujets différents.

Les plantes sont des éléments qui reviennent souvent aussi. Je parle régulièrement de l’espace qu’on occupe, et les plantes font partie de nos espaces. Les motifs sur les murs, les barres, les dénivelés… Ce sont autant de choses que l’on met autour de soi pour meubler et qui donne la limite des interactions que l’on a dans les espaces.

Au-delà de l’aspect géométrique, on est par contre assez loin de la peinture abstraite ?

Il n’y a pas d’abstraction. S’il y a des choses qui pourraient paraître abstraite, elle ne le sont pas. Ça part toujours d’idées, d’objets, de pièces, d’espaces… Parfois la peinture peut ressembler à quelque chose d’abstrait à cause des accidents, mais en fait non, on est très loin de l’abstraction, c’est très figuratif !

D’où te vient cette envie de peindre sur bois ? Et pourquoi ces petits formats ?

C’est venu pendant mes études. Je trouve ça plus confortable parce que j’abime mes peintures, donc sur toile c’est quasiment impossible. Pour les petits formats, c’est surtout parce que c’est à l’échelle de mon geste. Les grandes peintures qui ont besoin de grands gestes et de gymnastique, c’est plus « masculin ».

Mais tu ponces, ce n’est pas « masculin » ça ?

Oui, il y a peut-être quelques paradoxes… Je peux être très minutieuse sur certaines choses et puis sur d’autres… Je vais par exemple me tracasser d’un point de fuite pour lequel je vais remuer ciel et terre, et puis je ne vais pas m’inquiéter d’une lumière multiple et d’ombres qui ne sont pas cohérentes.

L’ensemble des peintures présentes à l’exposition est très homogène. S’agit-il d’un travail qui provient d’une même période de création ?

Oui, c’est une série. Je l’ai pensée pour la petite pièce, je savais que c’était pour ce nouvel espace. C’est une petite série, alors que d’habitude je travaille sur plus de pièces en même temps. Mais je les travaille de front et j’essaie d’avoir un ensemble homogène.

On peut peut-être revenir sur ton parcours. Ce n’est pas la première fois que tu exposes à la galerie RossiContemporary ?

Non, mais je n’ai pas compté… Ici ça doit être la quatrième fois, quelque chose comme ça…

Et auparavant ?

Quand je suis sortie de la Cambre, j’ai exposé dans la galerie Flux à Liège, au Triangle Bleu à Stavelot, dans la galerie Bortier… Et j’ai exposé il y a deux ans à Milan.

la fidélité 0 la galerie de Francesco Rossi traduit-elle une rencontre importante ?

Oui, je crois que je m’entends bien avec Francesco, et c’est un confort pour moi parce que je ne suis pas très douée avec la sociabilité ! Et puis je pense qu’il aime beaucoup mon travail.

Rendez-vous du 21 mai au 16 juillet 2016 chez RossiContemporary pour admirer l’œuvre de Marie Rosen.

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