critique &
création culturelle

Sun Screens

La sélection de la rédac'

C’est enfin l’été ! Qu’il soit pluvieux ou ensoleillé, le Palace a concocté un programme pour l’accompagner. Au programme des Sun Screens, des sorties, des classiques, des reprises et des événements autour de deux grands axes aux antipodes : les stations balnéaires et les dystopies. La rédac’ vous propose sa sélection d’immanquables.

Lancées le 05 juillet prochain avec la projection du premier Matrix (les Wachowski, 1999), les Sun Screens vous divertissent tout l’été avec une sélection de 54 films. Si deux grandes thématiques sont mises à l’honneur (les solaires stations balnéaires et les sombres dystopies), on a découpé notre sélection en 5 catégories : les sorties, nos classiques, les feel good, les reprises et les rappels de la saison Karoo écoulée.

SORTIE :

Kinds of Kindness (Yórgos Lánthimos, 2024 — à partir du 03/07) : Si vous avez aimé Pauvres Créatures, qui a sacrément fait parler de lui cette année, vous pourrez retrouver Yórgos Lánthimos et ses acteurices préféré·es, Emma Stone et Willem Dafoe, dès le 03 juillet avec Kinds of Kindness. Dans une fable noire et loufoque, trois histoires distinctes se déploient pour mieux dépeindre des aventures psychologiques hors normes. Un triptyque porté par un casting cinq étoiles avec Jesse Plemons, Margaret Qualley, Hunter Schafer, Hong Chau

LES FEEL GOOD :

Nausicäa de la Vallée du Vent (Hayao Miyazaki, 1984 — Avant-première le 06/07) ; Mon Voisin Totoro (Hayao Miyazaki, 1998 — Première le 24/07) ; Le Royaume des Chats (Hiroyuki Morita, 2003 — Avant-première le 06/08) : Bref focus sur les studios Ghibli, alors que son co-fondateur, Miyazaki, recevait cette année à Cannes la Palme d’Or d’honneur, à l’occasion de son dernier film, Le Garçon et le Héron. Premier hommage avec le film qui lance le début de l’aventure Ghibli : Nausicaä de la Vallée du Vent, film d’animation post-apocalyptique écologiste et pacifiste. Retour ensuite sur le film qui met en scène l’une des mascottes intemporelles des studios : Mon Voisin Totoro. Entre fantasy et aventure, le film nous présente les créatures magiques des Totoro à travers leur rencontre avec deux petites filles. Autre univers magique avec Le Royaume des Chats, où des félins reconnaissants initient une jeune fille à leur monde.

Isle of Dogs (Wes Anderson, 2018 — le 03/08) : Dystopie aux accents écologistes en stop motion, L’île aux chiens de Wes Anderson nous embarque dans un voyage au cœur d’un Japon fictif lorsqu’un jeune garçon met tout en œuvre pour retrouver son chien. Des chiens exilés de force sur l’île poubelle, suite à la propagation d’un mystérieux virus…

« Ours d’argent du meilleur réalisateur, Wes Anderson livre avec Isle of Dogs (prononcez « I love dogs »), une déclaration d’amour à nos fidèles compagnons à quatre pattes et un message de tolérance dont la résonance politique est particulièrement actuelle. » (Natalie Malisse sur Karoo)

Pina (Wim Wenders, 2011 — 11/08) : Hommage posthume à la célèbre danseuse et chorégraphe allemande Pina Bausch, le film de Wim Wenders rend compte du travail de sa vie, avec l'aide des danseurs et danseuses de la compagnie qu'elle a fondée, la Tanztheater Wuppertal. Une serie de danses solaires, rythmées, sensibles et puissantes, tour à tour mises en scène dans des espaces urbains ou humains. Parfait pour l'été !

Saturday Night Fever (John Badham, 1977 — 17/08) : Pinacle de la culture disco au cinéma, le film de John Badham vaudra même un Oscar à Travolta. À partir d'un boy meets girls usé jusqu'à la corde, on plonge dans un bain de sueur qui sent bon le dancefloor à la suite de Tony Manero, un jeune gars qui danse sur les tubes des Bee Gees. En faut-il plus ? Même pas !

 

NOS CLASSIQUES :

Peeping Tom (Michael Powell, 1960 — du 10/07 au 12/08) : Œuvre presque maudite qui enterra quelque peu la carrière de Powell, Peeping Tom ou Le Voyeur a pourtant inspiré une bonne partie du thriller moderne, et particulièrement Brian De Palma ou Martin Scorsese. À découvrir absolument en cette époque où notre rapport à l'image fait tant tourner et tomber les têtes.

Le Mépris (Jean-Luc Godard, 1963 — du 05/07 au 12/08 ) : Adapté d'un roman d'Alberto Moravia, Le Mépris est devenu un film culte de la Nouvelle Vague, un film sur un film, un film avec Bardot magnifiée, avec une villa éternelle, avec des idées partout, avec l'impératif pour chaque génération de spectateurices de s'en faire une idée neuve : alors, c'était comment le XXe siècle ?

La Jetée (Chris Marker, 1962 — 12/07 au 16/08) et 12 Monkeys (Terry Gilliam, 1995 — le 12/07 et le 01/08) : L'occasion à ne pas manquer de visionner à la suite ou presque ces deux films frères. Le premier, La Jetée de Chris Marker est un roman-photo projeté et soutenu par un narrateur, une folie d'environ une demi-heure où le passé et le futur se conjuguent pour « un homme marqué par une image d'enfance ». Superbement réinterprétée 30 ans plus tard par Terry Gilliam, Bruce Willis et Brad Pitt à travers 12 Monkeys, cette histoire qui pourrait n'être que de la science-fiction brille autant par son intemlporalité que par son actualité.

Brazil (Terry Gilliam, 1985 — le 20/07) : Dans les années 80, Robert De Niro tournait avec le réalisateur des Monty Python et ça semblait normal. Réflexion rétro-futuristo-surréaliste sur le totalitarisme, c'est un Gilliam au sommet de son art qu'on vous invite gentiment mais fermement à aller (re)découvrir. « Un peu de sel ? »

Donnie Darko (Richard Kelly, 2001 — le 18/07) : Premier et sans doute seul film réussi de Richard Kelly, Donnie Darko révèle alors le tout jeune Jake Gyllenhaal. Adolescent intelligent mais pas mal perturbé, le jeune Donnie cause avec un lapin géant de la fin du monde. Dit comme ça, on rase la pelouse, mais en fait c'est beau et libre, ouvert et précis, intime et universel. En plus, comme on disait à l'époque, la bande-son déchire !

The Rocky Horror Picture Show (Jim Sharman, 1975 — le 13/07 et le 09/08) : Sous ses allures d’extravagante comédie musicale horrifique, The Rocky Horror Picture Show de Jim Sharman se fait le relais d’un message inclusif, inédit pour les années 70. Film culte sur l’univers drag, il nous plonge dans un château peuplé de créatures toutes plus étranges les unes que les autres, alors qu’un jeune couple y trouve refuge une nuit orageuse. Les deux séances seront par ailleurs animées d’un bingo par la drag queen Edna Sorgelsen.

REPRISES :

Le Règne animal (Thomas Cailley, 2023 — 5 projections en août ou le 31 juillet) : Entre horreur et science-fiction, ce film français met en scène l’aventure étrange d’une famille chamboulée par les effets d’une épidémie qui change êtres humains en animaux. Mené par Romain Duris, le long-métrage a provoqué l’engouement dès sa sortie.

All of Us Strangers (Andrew Haig, 2024 — 7 projections, entre le 10/07 et le 13/08) : Double rencontre significative et étrange pour Adam, qui vit en banlieue londonienne. Celle d'abord, dans leur building fantômatique, de son voisin Harry, qui devient rapidement son amant dans une histoire tendre et espérée. Et celle avec ses parents lors d'un retour dans sa maison d'enfance. Des parents retrouvés inchangés, comme il y a plus de 30 ans, aux derniers instants de leur vie, pour reconstruire enfin des relations familiales chamboulées. Tous les ingrédients sont réunis pour un bon film, dans ce drame de Andrew Haig. Un casting brillant (Andrew Scott, qu'on a notamment adoré dans Fleabag, et Paul Mescal, phénoménal dans Aftersun, mais aussi les très touchants Jamie Bell et Claire Foy) ; une bande son nostalgique (ces bons eighties menés tambours battants par « The Power of Love » de Frankie Goes to Hollywood) ; des plans poétiques très réussis, entre jeu de lumières qui encouragent l'illusion et recours aux reflets et réflexions où les personnages apparaissent distordus, dédoublés ou en filigranne inattendu ; une atmosphère intemporelle qui transmet avec brio le sentiment du protagoniste bloqué dans un passé irrésolu ; des thématiques traitées avec justesse, entre deuil irrésolu, amour gay sensible, dépression et solitude prégantes et retrouvailles familiales manquées... Pourtant, on l'avoue, le résultat ne nous a pas embarqué, la faute peut-être à un scénario trop attendu et une fin trop cliché. À vos avis ! 

On en a parlé cette année sur Karoo !

Si nos critiques vous en avaient donné l'envie, mais que vous les aviez manqué sur grand écran, ces films, tous sortis au cours des douze derniers mois, sont également à revoir cet été :

The Zone of interest (Jonathan Glazer, 2023 — six projections entre le 18/07 et le 12/08) : Maintes et maintes fois récompensé cette année par plusieurs grands jurys, le film de Jonathan Glazer nous propose un point de vue inédit sur Auschwitz, en nous faisant vivire le quotidien de la famille de son directeur, dont la maison est mitoyenne du camp de l'horreur. Un synopsis singulier soutenu par un traitement formel percutant et dérangeant, The Zone of Interest est définitivement à voir sur grand écran. On y soulignera particulièrement l'intelligence des choix colorimétriques des scènes ultra lumineuses qui reflètent l'anormalité cruelle de la situation mais aussi la mise en son, également quasi saturée, qui utilise des bruitages hors champs pour mieux souligner les décalages de réalité vécues dans cette campagne polonaise. 

« Souvent agressif, parfois provocateur, toujours dérangeant, le long-métrage ne se donne jamais comme entier, jamais il ne nous donne le repos d’un plan pur, il y a toujours dans l’image quelque chose qui manque, là, quelque chose qui ne va pas. » (Léopold Colart, analyse critique éclairée à lire dans son entièreté sur Karoo)

Augure (Baloji, 2023 — 5 projections dont une en présence du réalisateur entre le 19/07 et le 17/08) : Particulièrement commenté lors des derniers Magritte, le premier film de Baloji allie onirisme et immersion pour nous faire voyager au Congo, au cœur d’une série d’histoires-portraits singuliers. Le lien entre les quatre protagonistes ? Leur statut de sorcières ou sorciers aux yeux de leur propre famille, en proie à leurs tenaces superstitions…

« L’univers visuel et symbolique de Baloji transcende de manière originale et perturbante la représentation aride et pauvre du Congo que nous pouvons connaître en tant qu’Européens. Le réalisateur a volontairement souhaité prendre ses distances avec le réalisme pour nous proposer un Congo onirique. » (extrait de la critique mitigée de Laure Degossely)

Il pleut dans la maison (Paloma Sermon-Daï, 2023 — 5 projections à partir du 02/08) : Présenté il y a peu sur Karoo, le premier long-métrage de fiction de Paloma Sermon-Daï fait la part belle au cinéma belge. Près des lacs de l’Eau d’Heure, un frère et une sœur, Mackenzy et Purdey, rêvent leur avenir pour s’extraire d’un quotidien familial difficile. Un dernier été adolescant plein d’intimité et de contraste, pour un récit de résilience.

« On a presque l’impression que c'est un documentaire, tant leurs répliques et les émotions paraissent naturelles. Au fur et à mesure que les minutes avancent, notre empathie et notre affection pour ce frère et sa sœur ne cessent de grandir. À souligner également la sobriété et la justesse dans la réalisation de Paloma Sermon-Daï : elle arrive à ne capter que l’essentiel, sans chercher à en faire trop. » (Gaëtan Perini, à lire en entier sur Karoo)

How To Have Sex (Molly Manning Walker, 2023 — 7 projections entre le 06/07 et le 12/08) : Lauréat du prix « Un Certain Regard » à Cannes, le premier film de la britannique Molly Manning Walker, How To Have Sex, explore dans un climat étouffant la notion de consentement lors de premières relations sexuelles. Entre pressions sociales et cadre d’été idéalisé, le film met en scène les vacances d’une adolescente et de ses deux copines plus expérimentées, qui débouche sur une perte de virginité non-désirée. Sorti en Belgique fin novembre dernier, How To Have Sex est également à voir sur la plateforme mubi.

« Partie l’adolescente extasiée par les joies de la fête. Son sourire disparait peu à peu, son envie de faire la fête aussi. Dans l’après et pendant l’agression sexuelle, c’est son silence qui veut tout dire. Il exprime son mal-être dans le premier cas et veut dire non, tout simplement, dans le second. Si Tara ne parvient pas à dégager sa parole, son attitude exprime tout ce qu’elle ne parvient pas à dire. » (Extrait de la critique de Flore Mouchet, parue dans cet hebdo)

Une sélection de Lorent Corbeel et Julie Derycke.

Mêmes rédacteur·ice·s :

Pour l’ensemble du programme, c’est par ici : https://cinema-palace.be/fr/sun-screens

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