critique &
création culturelle
Victoire de Changy
archiviste de l’intime

Cette semaine, vous avez pu découvrir dans la galerie Karoo les traces écrites et photographiques du voyage de Victoire de Changy en Iran. Rencontre avec une rédactrice Karoo , voyageuse en écriture.

En octobre dernier, tu as décidé de partir seule en Iran : d’où t’es venue cette idée a priori surprenante ?
La culture perse, avec sa poésie, sa musique, son cinéma, son histoire et ses multiples renaissances m’a toujours attirée. Je voulais aussi voir comment, sous un régime aussi « restrictif », l’on compose avec la liberté bridée, ce que l’on fait, entre les murs, à l’abri des couloirs et des regards, d’une créativité que j’imaginais alors soulignée ou décuplée. En mars dernier, rupture amoureuse oblige, j’ai tenu à planifier des choses pour l’année qui allait suivre, à me fixer des prises comme sur un mur d’escalade. Pris avec tant d’avance, les billets étaient presque donnés. Je n’ai pas hésité.

Avec un projet de photographie et d’écriture en tête ?
J’ai toujours un projet de photographie et d’écriture en tête ! Et ça ne ressemble forcément jamais, au final, au projet de photographie ou d’écriture que j’avais en tête.

As-tu rencontré des difficultés pour prendre des photos en Iran ?
Pas du tout ! J’ai tenté de respecter les restrictions affichées et de ne pas photographier les lieux « saints » ou liés au gouvernement.

L’Iran paraît s’ouvrir aujourd’hui, une destination que tu conseillerais à toutes et tous ?
Cent fois oui : l’Iran est fascinant, beau, varié, lumineux, les gens y sont accueillants, intéressés et intéressants… Mais pas que. J’ai aussi été secouée par certains aspects de mon voyage, que je n’évoquerai pas ici pour laisser l’esprit vierge à celui qui voudrait s’y rendre. Pour autant, je ne regrette pas d’avoir vu ce que j’ai vu, compris ce que j’ai compris. C’est Darwich qui dit « je ne reviendrai pas comme je suis parti, ne reviendrai pas, même furtivement ». Voilà, d’Iran je ne suis pas revenue comme je suis partie, et c’est très bien comme ça.

Tu sembles aussi à l’aise avec un appareil photo qu’avec une plume, quelle serait pour toi la richesse propre à chacun de ces médias ?
Pour l’un comme l’autre : ils offrent de se souvenir, et c’est bien là ce qui m’importe le plus. Un grand ami dit de moi que je suis une fichue archiviste, je crois qu’il a trouvé le mot juste.

Autant tes photographies que tes textes sont empreints de romantisme, au sens « noble » du terme : quelles sont tes grandes passions artistiques ?
Tout ce qui a trait à l’expression, sous quelque forme que ce soit, m’intéresse. C’est « l’autre » dans ses moindres recoins, à dire vrai, qui me fascine… Alors plus c’est intime, sincère et « parti de soi », plus j’accroche.

As-tu des projets précis concernant l’une et l’autre de ces formes artistiques ?
Un livre, un livre, un livre. Je dis ça depuis des années sans jamais mener l’histoire jusqu’à son terme. Je m’étais juré « pour mes vingt-cinq ans », le premier janvier j’ai écrit dans mon carnet « pour 2016 », et j’espère être cette année plus respectueuse de mes promesses à moi-même. J’adore la photographie, mais n’ai jamais eu pour vocation « d’en faire quelque chose ». Pour l’écriture, c’est différent, ça prend toute la place : je n’ai jamais envisagé de « faire autre chose ».

Le reste, Victoire le raconte sur Victoire de Changy

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