Bota(chro)nique
Ce 27 avril, les Nuits Botanique battent leur plein et accueillent trois groupes (Gros Cœur, marcel, Annabel Lee) pour une soirée rock noir jaune rouge. Entre riffs rafraîchissants, batteries cinglantes et quelques envolées psychédéliques, l’humeur était résolument à la fête.
Gros Coeur
Si le nom Gros Coeur ne vous est pas (encore) familier, cela ne devrait pas tarder à changer. Avec un rock psyché en français dopé aux percussions tropicales, le quatuor liégeois a du love à revendre. Longs cheveux et longs morceaux aux antipodes des singles radiophoniques de trois minutes, le groupe détonne tant sur le fond que sur la forme. Les paroles, quand elles sont intelligibles, rappellent un peu la tradition surréaliste made in Belgium , tandis que les sonorités des compositions nous font voyager vers des contrées lointaines chaudes et ensoleillées. Avec un penchant pour l’improvisation, le groupe propose un set détonnant de puissance et d’énergie communicative. Gros (coup de) coeur !
marcel
Originaire d'Arlon, le groupe au nom de papy (ou de débardeur, au choix) n’est pas venu pour enfiler des perles. Avec leur punk énervé et une énergie déjantée, ces young daddies ont présenté leur projet charivari devant un public très réceptif. Entre les solos de kazoo et la puissante voix éraillée du frontman , pas l e temps de s’ennuyer avec marcel. Ça défile à toute vitesse avec « six seconds », la batterie embarque l’assemblée dans un train d’enfer sur « playroom », ralentissement sur « salvator mundi » avant de sautiller allègrement sur l’amusant « bbl » ponctué d’un sifflet brésilien rappelant les rythmes de samba. Faussement simple, la proposition de ces joyeux zozos est truffée de références qui caractérise somme toute assez bien leur musique. Longue vie à papy, donc !
Annabel Lee
On clôt la soirée avec le très attendu trio Annabel Lee. Tirant son nom du dernier poème d’Edgar Allan Poe , le groupe dépoussière le mythe disparu il y a deux siècles et réécrit avec sa musique une nouvelle histoire mélancolique. Avec des sonorités très nineties et des productions extrêmement séduisantes, la formation met en avant le timbre haut perché de sa meneuse de jeu, Audrey Marot. La nostalgie, également très prégnante, fait office de fil rouge tout au long des morceaux. Une douceur contrebalancée par l’explosivité de certaines chansons, notons le sublime « Dinosaur » , le planant « By The Sea » et mon coup de cœur High Anxiety » . Avec Drift , Annabel Lee fait un bond qualitatif évident, se rapprochant par moments d’autres artistes, je pense notamment à Horsegirl, The Murder Capital et Pip Blom tout aussi, si pas plus, établis. Malgré un accent anglais à retravailler et quelques fausses notes, le trio signe somme toute un concert réussi et m’assure savoir où il va.