Flora Seigle
On a découvert le ukulélé et la voix de Flora Seigle dans une session Karoo cette semaine et on en a bien entendu profité pour lui poser quelques questions.
Comédienne passée à la chanson, tu es arrivée il y a quatre ans à Bruxelles. Où a commencé ton parcours ?
Je viens de Villard-de-Lans, dans le Vercors. Après avoir habité en Italie, je me suis installée à Bruxelles avec l’intention de me former à la danse. Des mais m’avaient parlé de la vitalité de la ville et puis c’est vrai que ce n’est pas loin de Paris, donc c’était plus facile pour moi de rester en contact avec mon réseau amical et professionnel. Finalement, plutôt que la danse, je me suis lancée dans la chanson : d’abord avec un groupe poético-absurde, L’écume des songes , puis en me lançant avec mes propres compositions.
Et très vite, quelques premiers concerts…
Oui, après quelques mois. C’est assez neuf en fait, ça fait un an que je compose, textes et musique, en travaillant avec Elias O’regan et Florent Timal deux membres de mon ancien groupe sur les arrangements, et donc en concert.
Ton instrument n’est pas banal, c’est un ukulélé.
C’est grâce à Nicolas1 qui m’a encouragé à m’y mettre. On peut dire que ça s’est avéré très pratique parce que j’avais directement un objectif précis, qui était de travailler les chansons que j’avais composées. Autre aspect pratique du ukulélé, c’est tout petit et donc facilement transportable ! En fait c’est difficile pour moi de comparer le ukulélé à un autre instrument, tout simplement parce que je ne suis pas musicienne de formation et que je ne joue d’aucun autre instrument. Mais bon, il faut apprendre les accords et la technique, ce n’est pas un jouet non plus.
Tes chansons oscillent entre l’humour et la poésie, mais qui n’empêche pas une certaine gravité parfois…
Il y a un côté premier degré assez drôle, mais j’ai mes sous-couches à moi, qui sont sans doute plus graves… En fait c’est en scène que tout prend son sens : j’arrive avec mes idées mais les retours apportent beaucoup et servent de révélateur aux chansons. Grâce à ce qu’on m’a dit, je m’autorise à m’exprimer plus directement, sans plus spécialement passer par des trucs décalés ou maquillés d’humour. Mais bon, une de mes dernières chansons, Le moche , est très cabaret, vraiment sur le ton de l’humour.
Ce qui frappe chez toi, c’est ce mélange de chanson française et une grande liberté formelle, tant pour les textes que pour la musique…
Je pense que c’est dû au fait que je ne connais pas la musique ! Du coup, c’est toujours très spontané. Je ne sais pas ce qu’on peut faire ou ne pas faire, toutes ces règles implicites de la musique. Je découvre tout ça à l’instinct. Quand je leur propose une nouvelle chanson, les musiciens avec qui je travaille ont souvent des difficultés à en voir la structure générale, ils sont surpris. Je ne m’en rendais pas compte au début, et je ne savais pas si c’était un défaut ou une qualité. Par exemple, je me permets des rimes faciles, ça ne me gêne pas. Finalement je crois que c’est ma marque de fabrique et j’aime assez ça.
[youtube id= »BCQSIiEdqMA » align= »left » maxwidth= »450″] Ta marque de fabrique, c’est aussi qu’on retrouve ta technique de comédienne dans tes chansons ?
J’aime bien les histoires, donc j’ai trouvé ce support-là pour les raconter. J’aime bien le côté direct de la musique, que j’ai moins trouvé dans le théâtre. La musique a ce pouvoir de toucher directement, qu’on aime ou pas, que l’on soit mélomane ou pas : la musique est pénétrante et crée d’office une réaction. Loin de trouver ça négatif, j’aime l’efficacité de la musique.
Fini alors le métier de comédienne ?
Je n’ai pas laissé de côté le métier de comédienne parce que je le retrouve dans mes chansons : c’est un support pour m’exprimer, un support musical mais toujours très théâtral. Et puis je travaille toujours avec une troupe, La troupe du possible, mais du côté de l’assistanat.
Quelles sont tes influences, qu’est-ce que tu écoutes ?
Brigitte Fontaine, M, les Rita Mitsouko, Niagara,… Mais je n’ai jamais eu d’idole ou des gens que j’essaie d’imiter. Ou alors inconsciemment. Comme j’ai commencé la musique sur le tard, c’est vrai que maintenant je suis un peu plus attentive à ce travail d’écriture et de composition. Mon écoute est sans doute plus attentive.
Quels sont tes projets ?
Faire des concerts, pour me rôder encore ! Il reste plein de choses à faire, tant au niveau des compos que de la scénographie ou de la com’. Moi ce qui me plaît le plus, c’est d’être sur scène : être comédienne ou mes chansons, c’est un peu le même travail.
Tout autre chose
Si tu devais nous faire écouter un album ?
Je proposerais M, en concert, Je dis M : c’est un super musicien donc c’est très au point, scéniquement c’est le top et puis les textes me parlent beaucoup.
Un film ?
Une fiancée pas comme les autres . C’est un film canadien de 2007 de Craig Gillespie, avec Ryan Gosling qui était pas encore une star. L’histoire d’un jeune type qui a des difficultés relationnelles et présente sa nouvelle fiancée à son frère. En fait c’est une poupée gonflable… Je ne sais pas pourquoi mais ça m’a vraiment touché, c’est absurde mais ça raconte beaucoup de choses, à la fois intimes et pleines de solidarité.
Un livre ?
Bel-Ami de Maupassant : ça va faire ringard mais c’est vraiment mon premier souvenir de littérature, la première fois que j’étais bouleversée par un livre.
Un coup de cœur au théâtre ?
Un spectacle que j’ai vu l’année dernière au Varia : J’ai gravé le nom de ma grenouille dans ton foie par la Clinic Orgasm Society . C’est la reprise d’un vieux spectacle où ils utilisaient super bien la vidéo – alors que je n’adore pas ça en général. Et puis ils s’amusaient beaucoup, avec une joie enfantine. Surtout ils racontaient une histoire : on peut toujours tout réinventer mais l’histoire reste pour moi le plus important.
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