Un lieu éphémère composé de sculptures et de croquis oniriques, colorés et sensitifs, chefs d’œuvre de Robberto et Milena Atzori . Un mélange entre le rêve, l’abstrait et l’inconscient. Hypnagogie est une exposition qui nous fait plonger au plus profond de notre être et le représente sous ses formes les plus subliminales et surréalistes.
C’est une fin d’après-midi ensoleillée. Rien à dire. Dès que le printemps pointe le bout de son nez, le sourire et la bonne humeur sont sur tous les visages. L’occasion de prendre l’air et de faire les points sur son agenda culturel. Quoi de prévu aujourd’hui?
Personnellement, j’ai décidé de me rendre au KULT L Ateliers , rue Wiertz, afin de découvrir la toute nouvelle exposition qui y est hébergée : Hypnagogie . D’emblée, l’intitulé m’intrigue, je ne sais pas à quoi m’attendre.
Dès l’entrée de l’exposition, je lève tout doute quant à ce mot occulte. Le dépliant m’apprend que l’ hypnagogie est un état de profonde relaxation de l'état de conscience qui arrive juste avant de s'endormir. En fait, on rêve tout en ne rêvant pas. On peut même, parfois, souffrir durant cette courte période de paralysie physique.
La lecture de cette définition me plonge directement dans un état d’esprit différent de celui que l’on peut spontanément signifier en allant visiter une exposition culturelle. Je laisse tomber mon esprit critique et je décide de déambuler parmi les différentes sculptures du rez-de-chaussée et de laisser libre cours à mon imagination. Après tout, c’est à cela qu’incite implicitement l’intitulé de l’exposition.
Parmi mes va-et-vient répétés – oui oui je suis passée plusieurs fois devant les sculptures car nombreuses d’entre elles étaient mystérieuses, insondables –, je reconnais des formes humaines, animales, végétales. Mais toutes se combinent à des formes plus oniriques, clandestines et hermétiques.
Peut-être sommes-nous dans un grand jardin ? Un jardin d’Eden où tous les êtres et les créatures vivent en harmonie ? Force est de constater que toutes ces formes s’entrelacent et s’unissent harmonieusement. Même si certaines sont plus brusques, violentes, le rendu final laisse à penser que symbiose il y a.
Une expérience multisensorielle
Des bananes, des corps entremêlés, un animal marin, des lèvres, des mains, des pieds, etc. : peu de cohérence thématique entre ces éléments si ce n’est qu’ils illustrent tous à leur façon le rêve, l’inconscient, ce qui succède à l’hypnagogie. Ces sculptures semblent essayer de représenter, de métamorphoser nos rêves, de rendre concret et conscient l’inconscient.
Les sculptures sont de couleurs vives, primaires (rouge, bleu, jaune) et sont composées de tissu rembourré et brodé qui donnent envie de les toucher, des les caresser. Le toucher, tout comme la vue, est sollicité. Une musique d’ambiance (sans parole, sans véritable rythme, comme si cela permettait de rentrer dans une forme de transe, un état second voire celui de l’hypnagogie) imprègne aussi la salle de l’exposition. Immersion totale des sens. Multi-sensorialité. Déstabilisant.
Après un tour de 15 minutes parmi la dizaine de sculptures exposées, j’entre dans une petite salle attenante et découvre les croquis, le travail en amont de la réalisation physique et 3D des sculptures. Les images sont colorées et bien qu’elles illustrent le rêve et l’inconscient, elles ont des traits sûrs et définitifs.
Je finis par descendre au sous-sol, toujours imprégnée de cette ambiance onirique. J’entrouvre un rideau foncé et je suis éblouie par une lumière mauve. La musique va de plus belle. Des coussins semblables aux sculptures du rez-de-chaussée sont étendus çà et là sur le sol. Le lieu est propice à la méditation. Invitation à s’asseoir et à réfléchir sur ses propres rêves. Hypnagogie.