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Tous les ingrédients y étaient : La posibilidad que desaparece frente al paisaje d’El Conde de Torrefiel est bel et bien un mélange de performance, de narration, de chorégraphie, de théâtre et de quelques autres formes encore. Un spectacle absurde, rythmé et précis.
Sur la forme, la vacuité et l’étendue de la scène jouent sur le sentiment d’immensité. Un large écran la surplombe, sur lequel seront transcrites les paroles d’une narratrice externe au récit.
Ensuite, une heure vingt de parcours sinueux. Il vous invite à traverser l’Europe, vous balade de tableaux vivants en scènes absurdes et fait de fausses références à divers textes et divers événements. La forme semble complexe et demande un certain investissement ; pourtant, la pièce propose un moment de détente et un constant trait d’humour.
Tout y est remarquablement bien huilé. La voix raconte1 et prête du sens au farfelu, tel un métronome, elle imprègne un rythme précis qui conduit à l’improbable. Les corps la suivent sans broncher, dans ce silence absurde et constant qu’elle leur impose. Le mélange entre le récit et les tableaux proposés par les comédiens provoque ainsi des instants inédits, où s’élaborent de (trop ?) rapides réflexions sur l’art et sa condition, ou encore, et c’était le plus intéressant, des questions sur l’intégrité dans nos sociétés ; par exemple : sommes-nous notre propre pensée ou le résultat d’une autre ? Que reste-t-il de nous face aux autres ?
Quelle surprise quand Pablo Gisbert explique, dans des propos recueillis par Christilla Vasserot2 , qu’il est d’abord question, lors de la création, de composer un mouvement et une dynamique visuelle… Le texte vient donc après, ce texte qui guide pourtant les sens du spectateur et rythme le pas des interprètes…
Qu’avons-nous donc compris, qu’avons-nous donc vu ? Un récit animé ou une performance narrée ? Pas certain qu’il faille aller plus loin. Tout est dans le titre : La posibilidad que desaperece frente al paisaje (« La possibilité qui disparaît devant le paysage », traduction approximative) propose une série d’événements et de réflexions absurdes dont il ne faudra rien retenir, si ce n’est qu’elle était intense et impeccablement rythmée. Tout ça au Zinnema à Anderlecht qui a donc accueilli, selon les échos, l’un des moments forts du Kunstenfestivaldesarts.