Avec La Femme à l’étoile , Anthony Pastor tire des coups de feu qui viennent fendre ses planches enneigées, un plaisir de lecture western, entre couleurs froides et chaleurs de la rage.
La Femme à l’étoile esquisse la rencontre de deux âmes meurtries, d’un côté Zachary, de l’autre Perla. Deux fugitifs unis accidentellement par le froid mordant de l’hiver, l’enclavement d’un village abandonné au vent et à la neige. Des personnages liés, surtout, par la douleur de leurs passés respectifs. On pourrait déplorer le développement expéditif de l'amour naissant entre les protagonistes, mais il faut reconnaitre que l’intrigue se démarque par son efficacité. Bien que générique, ce western adulte vaut le détour pour ses conflits réglés à la gâchette, son opposition sanglante entre deux hors-la-loi héroïques et une bande de forces de l'ordre exécrables.
En plus du scénario, Anthony Pastor réalise aussi le dessin. Il nous offre ici des planches tout en nuances de bleu pour le récit principal, parfois en nuances de rouge pour les cauchemars de Zachary. Des paysages froids, ravivés par un passé en interlude qui hante le héros principal. Tout du long, le style est esquissé, croqué de traits noirs, parfois brouillonné par les vents. Si les décors parviennent à facilement prendre vie, l’imprécision perceptible au niveau des faciès, changeant d’une case à l’autre, pourra dérouter les lecteurices.
D’une case à l’autre … parlons-en ! La narration de La Femme à l’étoile accélère ou décélère grâce à un découpage maitrisé. L’occasion de vivre des scènes d’actions entrainantes, onomatopée de coup de feu en appui, ou bien de savourer d’un regard plus vaste certains passages. Pour le coup, le roman graphique choisit ses plans à bon escient, créant des effets d’empressement, de contemplation, de respiration, ou au contraire de souffle court.
La Femme à l’étoile est une œuvre efficace, d’une qualité narrative qui plaira certainement, mais dotée d’un défaut d’originalité qui pourra décevoir certaines. Imparfait dans son trait (à dessein pourrait-on dire), ce western codé demeure savoureux, un huis clos copieux de plus de 250 pages de bourrasques glacées, d’actions tout en BLAM, SPAK et BAM. Une lecture de pur divertissement, qui ébauche des personnages pour les voir s’affronter, un vilain plaisir au bout des pages.