Dérèglement du monde, migration, crise climatique. Voici les sujets qui attendent le spectateur pendant 90 minutes . Certes, ces thématiques sont lourdes de sens et peu réjouissantes, mais elles sont illustrées par des images d’une beauté sidérante, parfois proches du cinéma expérimental.

Fait intéressant et pour le moins original, l’entièreté du documentaire est accompagnée d’une voix off nous narrant un dialogue entre Dédale et son fils Icare. Le père donne une série de conseils à son fils avant que celui-ci ne s’envole du labyrinthe où ils sont tous deux enfermés. Au début, on peut être perplexe et confus devant le choix de cette histoire pour nous conter le film. Mais au fur et à mesure, on s’aperçoit de la pertinence de ce parti pris : Icare ne s’est- il pas brûlé les ailes en volant trop près du soleil ? Et si, nous aussi, nous étions en train de brûler notre avenir en voulant viser trop haut ?

Ayant choisi la M éditerranée comme point de départ, la M esure des choses nous montre les difficultés qui existent entre le sud de l’Europe et le nord de l’Afrique. Le choix de commencer le documentaire dans cet endroit du globe prend tout son sens lorsqu’on sait que c’est là que les grands penseurs et mathématiciens de l’époque , tels que Euclide ou Pythagore , ont cherché à comment donner la mesure des choses à travers des formules complexes.

Une des grandes forces de la M esure des choses est que les images se racontent d’elles-mêmes. Comment ne pas être accablé par ce qui nous est montré : un monde tel qu’il est, sans artifices ? Il est difficile de ne pas se sentir affectés par ces images de touristes prenant en photo des ouvriers travaillant à ciel ouvert sous une chaleur étouffante. Et que penser de ces milliers de pneus trouvés au fond de nos océans ?

Rythmée par des témoignages de pêcheurs, migrants, médecins, chaque intervention dresse un portrait noir du monde et de ses vices. Le témoignage d’un médecin devant soigner une petite fille atteinte d’une grave infection suite aux conditions insalubres de l’endroit où elle vit est à glacer le sang.

Alors que la poésie se mêle à des images destinées à nous hanter, on ressort déboussolé du visionnage. Impossible de ne pas réfléchir à ce qu’est le monde aujourd’hui et ce que certains en font. Parfaitement rythmé e et extrêmement puissant e , la M esure des choses est une de ces expériences qui marque longuement son spectateur.

Le philosophe Søren Kierkegaard disait : « La vie n’est pas un problème à résoudre mais une réalité qui doit être vécue . » À nous, citoyens du monde, de rendre plus radieu se la réalité de demain.

Le documentaire sera projeté le 5 décembre au cinéma Palace dans la catégorie “MeDoc”, en compagnie de son réalisateur Patric Jean.