critique &
création culturelle
Rocketman
dérives de la célébrité

Rocketman , réalisé par Dexter Fletcher, est un biopic qui retrace la vie de Reginald Dwight alias Elton John, de ses premiers pas en tant que jeune pianiste prodige à sa consécration internationale.

Le film est l’occasion de (re-)découvrir les titres qui en ont fait danser plus d’un : Tiny dancer, Rocketman, Saturday Night’s Alright, Crocodile Rock … La liste est longue.

You could never know what it’s like
Your blood like winter freezes just like ice
And there’s a cold lonely light that shines from you
You’ll wind up like the wreck you hide behind that mask you use

[…]

Don’t you know I’m still standing better than I ever did
Looking like a true survivor, feeling like a little kid
I’m still standing after all this time
Picking up the pieces of my life without you on my mind

I’m still standing : cette chanson conclut Rocketman , dédié à Elton John, incarné par le talentueux Taron Egerton. Cet hymne à la vie est symptomatique du retour d’une star, d’un homme qui jusqu’alors sombrait dans la dépression et l’addiction aux drogues dures.

Derrière le côté superficiel des costumes burlesques, du jeu scénique et de l’extravagance des lunettes, se cache un homme triste, malheureux et constamment alcoolisé. « It’s sad, so sad . It’s a sad, sad situation » . Si la mutation de Reginald Dwight en Elton John lui a assuré son succès planétaire, la renommée et l’argent ne lui ont pas garanti le bonheur et la quiétude d’une vie paisible.

Une trajectoire de vie difficile

Au-delà d’une remasterisation des titres du showman anglais, son portrait sentimental est dépeint tout comme ses envies, ses doutes, ses relations familiales et conjugales complexes. Elton Hercule John n’a jamais été aimé par son père, qui n’a jamais voulu l’enlacer, et sa mère, après son aveu d’homosexualité, lui affirme qu’il sera seul pour toujours. Il tombe d’ailleurs sous le charme de son nouveau manager, son premier et dernier amour, qui ne l’a jamais respecté et le trompe à tout-va.

Le rejet parental fait mal. Mais ne pas être aimé en retour encore plus. « Don’t go breaking my heart » . Elton souffre et sombre dans l’alcool et le dopage. Il multiplie les concerts, stone. Les jours s’enchaînent, tous plus vite les uns que les autres, le temps est comme suspendu. Il est encore long avant la rédemption et la guérison. « And I think it’s gonna be a long long time […] I’m not the man they think I am at home. Oh no. I’m a rocket man ».

Une amitié plus forte que tout

Mais Regie peut toujours compter sur son ami Bernie Taupin, le compositeur de ses chansons, dans les bons comme dans les mauvais moments. L’un sait jouer du piano, l’autre non. L’un chante comme une casserole, l’autre se débrouille. L’amitié est un agréable refuge lorsque tout le reste va mal. C’est d’ailleurs le titre « Your song », dédié à leur amitié fusionnelle, qui les a propulsés en tête des hits music de l’époque et fait jouer sur les plus grandes scènes américaines. C’est là où tout à commencé.

And you can tell everybody this is your song
It may be quite simple but now that it’s done
I hope you don’t mind
I hope you don’t mind
That I put down in words
How wonderful life is while you’re in the world

Après avoir failli mourir d’une overdose, Elton a décidé de reprendre sa vie en main. Aujourd’hui, il n’a plus consommé de drogues depuis plus de 20 ans, il est marié à l’homme qu’il aime et a deux enfants. Être un rocketman, c’est être un super homme, lutter contre les dérives de la célébrité et assumer sa différence, son orientation sexuelle et qui on est. Le bonheur est à la portée de tous.

Les anecdotes du film

Si Rocketman est fidèle à la vie tumultueuse de Reginald Dwight et toutes les péripéties de l’intrigue ‒ soit la trajectoire de l’artiste ‒ coïncident avec les dérives dans lesquelles il a sombré ; le long-métrage verse volontiers dans la fiction. Un objectif partagé par le réalisateur et Elton John lui-même, intéressé par une relecture fantasmatique de sa vie. « Je voulais une oeuvre explosive, une course-poursuite imaginaire résolument loufoque et transgressive, qui oscillerait entre fête et tragédie » explique Fletcher.

Même rédacteur·ice :

Rocketman

Réalisé par Dexter Fletcher

Avec Taron Egerton, Jamie Bell

Royaume-Uni, États-Unis, 2019

121 minutes