L’ambiance est faite de bruits de vagues, de bribes de conversations, de cris d’enfants, d’oiseaux peut-être.
L’espace – certes un peu terne — est ouvert et accueillant.

On aurait dû s’en douter. La caméra allait bien vite ; elle ne s’extasiait pas sur le calme, elle ne s’arrêtait pas à la beauté de l’instant, semblant plutôt les fuir.

Une structure métallique sommaire apparaît dans le champ — précadre l’action à venir. Les protagonistes du drame sont déjà là.

La mer n’est plus visible.

Fringant et torturé, notre anti-héros, filmé à mi-corps, est torse nu. À ses côtés, une belle jeune femme étendue, en maillot deux pièces, semble accorder peu d’attention à son questionnement angoissé. Mais c’est l’univers tout entier qui se ligue contre lui : une balle de foot l’atteint en plein dos au beau milieu de sa phrase. Ironiquement, il y évoquait un ami qui n’était plus dans le coup.

Il ne se laisse pas démonter, poursuit. Un instant plus tard — trop tôt, beaucoup trop tôt ! — la balle revient rouler sur le ventre de la fille. Aussitôt Michele/Nanni la récupère et, dans le même mouvement , demande à l’un des gamins si c’est la sienne, saisit un couteau judicieusement placé à portée de sa main, crève le ballon et part d’un ricanement sardonique.
Trente secondes : tout Moretti est là. Ses démêlés avec le monde. Son art de la rupture rageuse, noble et grotesque à la fois. Si attachant.


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