Le

Terreur

est un de ces navires qui au XIXe siècle tentait de forcer un passage par le Nord entre l’Atlantique et le Pacifique. Il y en eut quelques-uns et donc quelques dramatiques échecs qui coûtèrent la vie à des équipages entiers. Dan Simmons rend l’ambiance de cette exploration des pôles avec l’intensité qui fait son succès, quel que soit le genre auquel il s’essaie : thriller, science- fiction, fantastique ou roman historique. Il marie d’ailleurs ici ces deux derniers genres pour le meilleur et très peu pour le pire. Car s’il faut bien admettre quelques longueurs de temps en temps, le plaisir de tourner ces 720 pages glaçantes est présent de bout en bout, à mesure que les protagonistes disparaissent les uns après les autres, emportés par le froid, la maladie ou cette monstrueuse créature qui hante la banquise…

Comme toujours avec Simmons, c’est extrêmement bien documenté. Tous les faits relatifs à l’expédition Franklin ou à la vie des Inuits sont rigoureusement exacts : remplacez les interventions du monstre par les crises de folie dues au saturnisme et vous obtenez l’horreur des derniers mois vécus par ces hommes. C’est haletant, passionnant, flippant et émouvant tout à la fois, parce que Dan Simmons est un conteur extraordinaire qui maîtrise son récit, ses personnages et son écriture avec une grande finesse et pas mal d’expérience. Mais c’est le reste qui séduit vraiment, cette intensité indescriptible présente dans chacun de ses livres, ce truc magique par la grâce duquel une littérature de genre devient de la littérature tout court, et qui fait de Terreur un formidable bouquin !