critique &
création culturelle
Bota(chro)nique
Escale sur la planète Berger

Ce 6 mai, Flavien Berger était de retour au Botanique pour un des concerts les plus courus de cette trentième édition des Nuits . Artiste singulier et ovni du paysage musical, il a également présenté son nouvel opus Dans cent ans , à un public enthousiaste. Incursion sous le chapiteau pour une soirée hors de l'espace-temps.

Incipit by PPJ / Aurel

La soirée est ouverte par PPJ à 19h tapantes. Né lors du premier confinement, le projet rassemble trois ami·es autour d’une musique solaire et optimiste : Paula, chanteuse brésilienne et fondatrice du groupe Tampon Tango, Povoa, musicien multi-instrumentiste français et Jerge, guitariste et collaborateur de Myd. Sans trop de chichis, et, admettons-le, devant un public peu réceptif, la performance du groupe remplit le cahier des charges. Niveau sonorités, on se situe sur de l’électro-pop dansante parsemée de notes brésiliennes et italo-disco. Je retiendrai le sensuel « Doido » pour le flow apathique ainsi que le dansant « Sua Boca », en guise de clôture.
*Note à moi même : à ré-écouter au soleil incessament sous peu*.

Aurel, seconde performance de la soirée, me laisse en revanche plus perplexe. Le bruxellois, bien implanté dans le paysage musical ‒ ex compositeur de Lucy Lucy, Paon et Sonnfjord ‒ se la joue désormais solo et propose (sur le papier) un univers jovial, des textes naïfs sur des productions entraînantes. Sur scène, il présente notamment son dernier projet Saison Mandarines . Hélas, le charme n’opère pas de la même façon en vrai et je dois avouer m’y perdre un peu dans la proposition du chanteur de « Pomelo ». Rien n’est mauvais mais rien n’est véritablement bon non plus… Exit les agrumes, on est plutôt face à un mi-figue mi-raisin.

Flavien Berger, maître du temps

Artiste unique et habitué des lieux, Flavien Berger est monté au créneau des Nuits pour nous faire rêver une nouvelle fois. L’occasion d’expérimenter avec les nouveaux morceaux de Dans Cent Ans , dernier volet de la trilogie pop entamée avec Leviathan en 2015 et poursuivie sur Contre-Temps en 2018. En quelques instants, on se fait happer par l’univers du chanteur avec « Deep See Blue Song », une expérience musicale et visuelle qui suit les codes d’un art qui se veut accessible à tous · tes. Une prestation qui prend des allures de célébration de vie, avec un Flavien très à l’aise sur scène, malaxant ses chansons pour les faire vivre d’une manière singulière à chaque instant.

Très interactif avec le public, il nous rend littéralement visite sur « Dans cent ans » pour un bain de foule avant de nous toucher en plein cœur avec des incontournables de sa discographie, tels que « Pamplemousse », sans oublier de nous faire rire avec quelques interventions lunaires. Belle prouesse également sur « 666666 » et « Berzingue » où, en plus de chanter, il joue avec ses machines (et ses boucles) pour nous offrir un moment hors du temps, en orbite du bonheur. Autre élément qui mérite d’être souligné, l’aspect visuel. Pour ce nouveau rendez-vous avec le public bruxellois, la présentation est on ne peut plus soignée, grâce à une scénographie stellaire signée Juliette Gelli.

Fidèle à lui-même, il nous propose de passer directement au rappel sans vraiment sortir de scène et faire semblant. Très bien, point de supplice pour les spectateur·ices qui n’ont pas encore entendu leur chanson préférée. Un concert à la fois simple et complexe, rondement mené par Mister Berger, qui en plus de nous faire danser, nous donne envie de l’avoir en ami, amant ou d’adhérer à son parti.

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