critique &
création culturelle
Entretien avec
Turquoise

En lecteur assidu que tu es, tu as certainement dû découvrir Turquoise dans la galerie de cette semaine . Voici ce que tu n’as pas encore lu : l’entretien qu’ils ont accordé à Lorent pour Karoo.

Turquoise, si on devait en définir le style, c’est de l’électro-pop ? Envie d’être cantonné à ce style ou cela pourrait évoluer vers d’autres genres ?

Il y a probablement de cela, avec l’omniprésence des synthés et des boîtes à rythmes et avec ce côté un peu « poppy » à la fois. On aime bien dire french oniric pop , ça ne veut un peu rien dire mais c’est révélateur malgré tout car on allie le français à des ambiances pop vaporeuses. Après, je crois qu’étant un tout jeune groupe, on cherche encore un peu qui on est. Rien n’est arrêté, c’est encore un labo de recherche.

Qui se cache derrière Turquoise ? Quel est le rôle de chacun ?

À la base, il y a Nicolas Van Peteghem et moi (Sarah Boom). On s’est connu dans un sous-sol lors du tournage d’un clip obscur pour les feu Thieves of Silence, les actuels Empereur, il y a quatre-cinq ans. Il jouait des synthés dans le groupe et je l’ai remplacé pour quelques dates. Quand j’ai quitté les Panties, on s’est dit que ce serait marrant de faire des chansons ringardes en français avec des nappes de synthés un peu too much , puis finalement on s’amusait vraiment bien, alors on a continué.

Je crois qu’on a inconsciemment été plus sincères et sérieux dans notre démarche, c’était une blague au début. Maxime Wathieu nous a rejoints quelque temps. C’est un excellent instrumentiste et un très bon ingénieur du son. On a travaillé ensemble sur la production des premiers morceaux et il a été assez patient pour développer mes idées de guitare jouées sur une corde. Il a vraiment contribué à sublimer les premières ébauches de morceaux qu’on avait avec Nico. Maintenant, on continue à trois avec Julien Demeuse qui vient de nous rejoindre, un autre super ingé son et guitariste. Les rôles ne sont pas encore très bien définis, ça évolue encore chaque jour mais l’apport de chacun est important.

Le chant est en français mais il se fond avec la musique de manière très « anglo-saxonne ». Est-ce un choix volontaire de ne pas « glorifier » le texte comme on le fait très souvent en francophonie ?

C’est une bonne question ! Oui, on ne voulait pas que la voix soit trop mise en avant mais qu’elle soit comme fondue au reste. Puis, ça ajoute une aura de rêverie qu’on aime bien.

La question « bateau » : quelles sont les influences musicales qui ont mis du vent dans vos voiles ?

Je crois que Nico et moi nous rejoignons sur beaucoup de points. Bizarrement, pour des enfants des années 1990, on éprouve un attrait assez fort pour les années 1980, la vague new wave , post punk , cold wave … J’ai été très marquée par des groupes comme les Chameleons ou Durutti Column. Mais on n’est pas fermés, on adore aussi les débuts de Genesis et Laurent Voulzy. On écoute aussi pas mal de kraut rock allemand (Neu !, L.A. Dusseldorf) et de musiques de film. J’ai un faible pour les bandes-sons françaises des années 1960 : Georges Delerue, Michel Legrand, et notamment le travail de François de Roubaix qui est incroyable. Puis, on aime Tame Impala et Mac DeMarco. Des groupes issus de la scène belge comme les Robbing Millions ou les BRNS sont aussi très inspirants. Personnellement, je me retrouve également beaucoup dans cette scène francophone actuelle, très foisonnante, à l’image de Flavien Berger ou de Requin Chagrin.

Le visuel sur votre Soundcloud est un collage de David Delruelle (que Karoo a déjà présenté dans sa galerie ). Y a-t-il une correspondance entre son travail et le vôtre ?

David est un ami et je suis très touchée (c’est Sarah qui parle) par son travail. On s’envoie souvent ce qu’on fait chacun, on se concerte. On a trouvé qu’il y avait peut-être des ponts entre nos univers et on a voulu essayer. Il est très sensible à la musique, il a notamment déjà bossé avec Great Mountain Fire ou avec L’Impératrice en France.

Turquoise, c’est déjà une expérience sur scène ou ça va l’être bientôt ? Quels sont vos projets dans l’immédiat ?

On s’est produits lors d’un anniversaire il y a un an, à l’Union Saint-Gilloise (le club de foot), c’était très rigolo mais on n’était pas au point. La vraie première date sera annoncée bientôt. Les projets les plus proches seront surtout de poster quelques nouveaux morceaux sur le Soundcloud et de sortir un premier EP dans quelque temps !

TOUT AUTRE CHOSE

Si vous deviez conseiller un roman ?

Blanès d’Hedwige Jeanmart. Un roman d’amour sans l’être, avec un esprit très Buñuel.

Un film (ou une série) ?

Buffet Froid de Bertrand Blier, revu il y a peu. Grinçant et surréaliste.

Un artiste, un peintre, un photographe, un plasticien ?

Le réalisateur français Bertrand Mandico, qui a un univers expérimental étrange, glauque et gluant, obscur et lumineux à la fois.

Un album ?

Le dernier album des Robbing Millions !

Même rédacteur·ice :

Leur page Facebook
Leur Soundcloud

Voir aussi...