Gaspar Noé
Pour cet hebdo hors-série, j’ai choisi de parler d’un metteur en scène qui compte pour moi. Adoré de certains, détesté par d’autres, Gaspar Noé ne laisse personne indifférent. Retour sur un réalisateur pour qui le cinéma rime avec innovation et expérimentation.
Le cinéma, cet art si singulier. Son catalogue infini, ses moments d’anthologies qui restent gravés à jamais, ceux plus oubliables… tout me plait. C’est simple, il me fascine depuis ma tendre enfance. Le 7 e art m’a offert des images qui m’accompagnent encore, de jour comme de nuit, de rêve comme d’éveil.
Parmi les nombreux metteurs en scènes pour lesquels je voue une admiration sans limites, que cela soit Stanley Kubrick, Steven Spielberg, Peter Jackson où encore Quentin Tarantino, un m’a particulièrement marqué par son immense audace artistique : Gaspar Noé . Si j’ai choisi de parler de lui, c’est avant tout pour sa capacité à briser les codes établis. J’estime que Noé s’inscrit parfaitement dans cette époque proche d’une nouvelle ère, dans un monde en pleine révolte.
Né à Buenos Aires en Argentine, d’un père peintre et d’une mère assistante sociale, Gaspar Noé ne voit pas le cinéma comme tout le monde. Chez lui, les codes n’existent pas, il n’y a que de nouveaux horizons à explorer. Ayant d’abord commencé avec des courts et moyens métrages, Noé se lance dans l’aventure du long-métrage avec Seul contre tous . Le film nous raconte comment un ex-boucher chevalin, tout juste sorti de prison, tente de refaire sa vie. Se retrouvant seul et sans argent, il décide de tuer ceux qui l’ont humilié dans sa vie.
Suite directe de son moyen métrage Carne , le film laisse déjà envisager certaines caractéristiques qui feront par la suite la spécificité de son cinéma. Bien qu’ici la mise en scène soit sobre avec des plans et cadrages assez classiques, la violence est déjà bien présente. Cette même violence que l’on retrouvera dans Irréversible ou encore Climax . C’est avec Irréversible que le style Noé va définitivement naître. Film monté à l’envers (il commence avec la fin pour terminer par le début), caméra libre de tous mouvements, ultra violence… le choc est total. Et c’est ça que j’aime chez lui : son envie de réaliser un film qui lui plait, sans se soucier d’une quelconque censure pour attirer un plus grand public.
Chez Noé, le film se doit d’être une décharge, un choc mental. Climax nous propose une soirée qui dérape dans la folie pure ; Enter the void une âme qui refuse de quitter le monde des vivants ou encore Vortex qui suit un couple de personnes âgées en proie à l’emprise du temps et de la dégradation mentale. Aucun film de Gaspar Noé ne se ressemble. Dans une industrie cinématographique qui a parfois tendance à s’enfermer dans des productions à la réalisation assez classique et pauvre en innovation, le réalisateur franco-argentin vient balayer tout ça tel un éléphant dans la pièce. En tant qu’amoureux du 7 e art, je dis merci à ce metteur en scène. Merci d’ouvrir les horizons, d’oser, de démontrer film après film la formidable puissance de ce médium qu’est le cinéma. Longue vie à Noé, longue vie à Gaspar. Longue vie au cinéma, surtout.