À la découverte de La Nombreuse
Alors que la nouvelle exposition du collectif, Ce que la mer emporte, bat son plein, Téo Becher et Solal Israël nous ouvrent les portes et les coulisses de La Nombreuse. Installée dans la rue du Fort à Saint-Gilles, elle s'impose depuis quatre ans comme un espace culturel singulier, façonné autour de la photographie et ancré dans le partage, l'inclusivité et l'expérimentation artistique.
Pouvez-vous nous raconter la création du collectif La Nombreuse ?
Téo Bescher (TB) : Nous avons fondé La Nombreuse il y a quatre ans, en octobre 2020. À l'origine, notre intention était de créer un atelier de travail qui favorise les échanges et les dynamiques entre artistes. Cependant, nous avons toujours eu le désir d'ouvrir un espace culturel qui proposerait des expositions, des ateliers et des conférences, tout en facilitant la médiation autour de la photographie pour un large public.
Solal Israël (SI) : Cette aspiration existait déjà chez certains d'entre nous bien avant la création de Nombreuse. En 2018, nous nous étions réunis à quatre, avec des membres du collectif, pour discuter de la possibilité de créer un lieu de partage autour de la photographie, mais d'une manière différente. Cela nous permettait aussi de mutualiser nos ressources : acheter un scanner à quatre est plus économique que de le faire seul. En visitant cet espace et en découvrant sa vitrine, nous avons réalisé que nous pouvions l'ouvrir au public, transformant notre projet initial en quelque chose de plus vaste qu'un simple atelier. En fin de compte, c'est le seul lieu que nous avons visité, et notre projet a véritablement pris forme autour de celui-ci.
TB : On est huit membres dans le collectif : sept photographes et une historienne d'art, qui a un profil plus axé sur la gestion. Elle nous aide beaucoup dans les démarches pour obtenir des subsides. Sa rigueur, que nous, photographes, avons moins, assure une grande partie du fonctionnement de notre ASBL.
SI : L'aspect administratif, qui est un volet souvent invisible de notre activité, est aussi géré de manière bénévole. La Nombreuse représente beaucoup de travail, même lorsque nous n'avons pas d'activités visibles pour le public : il faut rédiger des dossiers, soumettre des justificatifs, déposer des documents au greffe, organiser des assemblées générales, etc. Tout cela prend du temps et mérite d'être souligné. Nous essayons de trouver un équilibre entre toutes ces tâches et nos propres carrières. L’idée c’est de s’adapter et de maintenir un fonctionnement plutôt stable et équilibré.
En ce qui concerne le lieu, aviez-vous une idée précise de ce à quoi il devait ressembler ou envie d'un quartier en particulier ?
TB : L'aspect « pignon sur rue » nous a convaincu·es, car nous voulions un lieu tourné vers l’extérieur. Avoir un espace fermé n'aurait pas été idéal. Nous n’étions pas forcément bloqués sur une commune spécifique, mais comme nous habitons tous dans le sud de Bruxelles, nous souhaitions que le lieu ne soit pas trop éloigné de chez nous. Le choix de Saint-Gilles s'est fait un peu par hasard. Personnellement, j'aurais même préféré un autre quartier, comme ce quartier compte déjà de nombreux lieux artistiques et culturels. Mais on est ravi·es d’avoir trouvé cet espace dans la Rue du Fort, qui est très vivante, avec beaucoup de passage. C'est une rue représentative de Bruxelles, avec une diversité d'établissements allant d'une agence de voyage brésilienne à un centre culturel, en passant par un traiteur italien.
Cela dit, l'emplacement soulève aussi des questions. Notre lieu ressemble à une galerie et il est évident que le public local ne se sent pas toujours concerné par nos activités. C'est un défi que nous essayons de relever à chaque événement, en nous ouvrant à des personnes ayant des parcours variés.
SI : C'est là que l'aspect de médiation prend tout son sens pour nous. Nous avons déjà organisé deux expositions dans la rue, sur toute la Rue du Fort et au Parvis, via un appel à candidatures avec un thème préétabli. Cela nous aide à sortir de l'entre-soi qu'implique un espace de type « white cube ». Nous avons également d'autres initiatives, comme un studio mobile que nous déplaçons dans les rues de Saint-Gilles, où nous prenons des photos gratuitement — l’aspect gratuit est essentiel pour nous — que les gens récupèrent ensuite via un drive que nous partageons avec eux. À long terme, nous espérons avoir une petite imprimante thermique pour remettre les photos directement.
Ces types d'activités nous aident à dédramatiser notre lieu, qui peut sembler intimidant pour celles et ceux qui ne consomment pas nécessairement ce type de culture. Nous proposons aussi des workshops, toujours gratuits, qui peuvent prendre différentes formes, comme des projets autour de la photosensibilité des plantes, très ludiques pour les enfants. Le premier workshop s’est déroulé dans les rues du quartier, et les résultats ont ensuite été exposés au Jacques Franck. Nous avons de nombreux partenariats, notamment avec le Pianofabriek, ce qui nous permet d’élargir notre présence et de sortir de cette image d'espace de monstration un peu aseptisé. Ainsi, nous nous efforçons d'être actif·ves sur plusieurs fronts et de répondre à une large demande.
Vous ne considérez pas La Nombreuse comme une galerie traditionnelle, mais plutôt comme un espace culturel. Pouvez-vous nous en dire plus sur la vision de ce lieu et les objectifs que vous poursuivez avec ce projet ?
TB : Notre but est d'abord de promouvoir la photographie auprès de publics divers, y compris ceux qui ne sont pas forcément familiers avec cet art. Nous souhaitons favoriser une forme d’éducation à l’image à travers nos ateliers, où l’aspect pédagogique est central.
SI : Nous tenons aussi à présenter des expositions plus pointues, comme celle en cours actuellement (Ce que la mer emporte, ndlr), même si elle peut sembler moins accessible pour des non-initié·es. Trouver un équilibre entre cette approche exigeante et notre mission de vulgarisation est essentiel.
TB : Beaucoup d’associations viennent aussi vers nous pour organiser des événements ici. Par exemple, dans le cadre de restitutions d’ateliers menés avec des publics comme des personnes sans papiers ou des jeundes en décrochage. Bien que nous ne menions pas directement toutes ces initiatives, nous sommes heureux·ses d’offrir une plateforme à des projets artistiques à vocation pédagogique et sociale.
SI : Nous organisons également des visites guidées pour des écoles, des étudiants et des groupes avec des besoins spécifiques. Ces partenariats enrichissent notre mission de médiation et de diffusion photographique.
TB : Au-delà de cette ouverture au public, cet espace nous sert aussi d’atelier collectif. C’est un lieu de collaboration et d'entraide qui stimule nos projets individuels et notre créativité. Pour moi, l’appartenance à un collectif a été particulièrement bénéfique.
SI : Et l’été dernier, nous avons accompagné une jeune diplômée du 75 en l’aidant à décrocher une résidence. On l’a conseillée sur la création de son dossier, un aspect qui n’est pas forcément couvert en formation. Ce soutien discret et moins visible est essentiel à notre démarche : nous voulons aussi servir de tremplin pour les jeunes qui se lancent. Nous organisons parfois des lectures de portfolios informelles, où l’on prend le temps de conseiller sur les points à améliorer. C’est une dimension importante de notre ASBL, bien qu’elle reste davantage en coulisse.
Comment se passe le partage de l’espace au quotidien, et avez-vous l’intention d’y exposer vos propres travaux ?
SI : Au quotidien, l’organisation du collectif passe par beaucoup de réunions. Avec quatre années d’expérience, on a appris à mieux se structurer et on s’est professionnalisé·es en créant des pôles – expositions, ateliers, conférences, etc. – où chacun·e peut s’investir selon ses affinités. Cela nous permet de désigner des porteur·euses de projets tout en évitant de nous surcharger, car au départ, on avait tendance à vouloir tout faire et cela nous a mené au surmenage. Maintenant, on s’impose des limites ; si on ne peut pas assumer une activité, on préfère y renoncer, d’autant plus que ce travail est bénévole et exige beaucoup de sacrifices, notamment financiers.
Quant à exposer nos propres œuvres, notre idée de départ en créant l’ASBL était surtout de promouvoir le travail d’autres artistes. Bien que créateur·ices, nous endossons ici les rôles de curateur·ices, scénographes et producteur·ices artistiques, en restant en retrait plutôt qu’en avant-scène. Nous avons donc décidé qu’il n’y aurait pas d’expositions dédiées aux membres du collectif. En revanche, nous organisons des « Work in Progress » : des ateliers ouverts ou des moments de partage de notre travail en cours, sous une forme légère sur un week-end, afin d’échanger avec le public sans mobiliser de gros moyens. Sinon, lors de mon exposition au Jacques Franck, La Nombreuse m’a soutenue en co-produisant mon travail, et nous avons organisé une conférence-discussion sur le processus créatif avec Charlotte et ma curatrice. Ce sont surtout ces actions discrètes qui constituent notre manière de soutenir nos projets personnels.
TB : Pour l’instant, nous restons dans cette logique, mais c’est l’un des avantages de fonctionner de manière souple : rien n’est figé dans le marbre. Personnellement, je n’exclus pas complètement l’idée d’évoluer un jour vers plus de flexibilité sur ce sujet. Comme l’a dit Solal, nous avons voulu donner un objectif clair à l’ASBL dès sa création, celui de promouvoir d’autres artistes, et pour l’instant c’est la priorité. Toutefois, cela ne nous empêche pas d’utiliser l’espace occasionnellement pour des événements ponctuels, comme le lancement du livre de Martin Gallone avec la maison d’édition bruxelloise Macaronibook qu’on a fêté ici le temps d’une soirée. On se permet ce type d’événements en restant fidèles à notre vision initiale.
En ce qui concerne la dynamique d’atelier, nous ne sommes jamais les huit membres du collectif présents simultanément, mais plutôt un à trois, quatre maximum, ce qui rend le partage de l’espace gérable. Au début, quand nous avons créé cet espace, c’était encore la période de confinement, donc il était bien plus fréquenté. C’était amusant, mais ça compliquait l’efficacité. Maintenant, nous avons trouvé un bon équilibre entre les projets et les impératifs de chacun·e.
SI : Pour ma part, je considère davantage ce lieu comme un bureau, avant tout celui de l’ASBL, et ensuite un espace où je peux travailler un peu. Pour ma pratique personnelle, je ne le vois pas comme un atelier, car il y a trop de contraintes. On peut mettre des choses au mur de temps en temps, mais il faut vérifier avec les autres et s’assurer qu’il n’y a pas d’activité en cours. Aussi, il n’y a pas de bureau fixe, donc on ne peut pas laisser ses affaires en permanence.
TB : Oui, c’est un espace « entre deux », ce qui peut poser quelques contraintes, mais en même temps, cela nous permet une certaine souplesse, et c’est aussi un atout.
Pour revenir sur la question de la sélection des expositions, quel est votre processus pour décider ce qui sera présenté à La Nombreuse ?
SI : Nous recevons régulièrement des propositions par mail de personnes souhaitant nous montrer leur portfolio, et nous centralisons ces dossiers sur un drive. Marion [Colard], par exemple, dans l’exposition en cours, nous avait proposé un projet, mais nous avons préféré une autre série de son travail, qui correspondait davantage à notre vision. C’est la première fois que nous organisons une exposition collective dans l’espace ; jusqu’ici, nous avions plutôt opté pour des expos solo, mieux adaptées à la taille réduite du lieu. Une exposition collective nous pousse à travailler davantage la cohérence curatoriale, pour bien intégrer plusieurs œuvres dans un ensemble harmonieux.
Notre manière de travailler dépend surtout des membres disponibles pour chaque projet. Par exemple, si l’on décide de faire une exposition en septembre 2025, on commence par voir qui est disponible. Ces personnes forment alors un binôme ou un trinôme pour préparer le projet. Elles choisissent une thématique ou sélectionnent des artistes et présentent ensuite le tout au collectif pour validation. Une fois l’équipe formée et la proposition validée, elle prend en charge le projet, allégeant ainsi la charge pour les autres. Téo et moi avons ainsi géré l’exposition actuelle, alors que pour celle de janvier 2024, deux autres membres ont assuré la conception et la production. Ce modèle nous permet de développer davantage de projets tout en nous appuyant sur la confiance au sein du collectif.
TB : La sélection des artistes est influencée par les affinités des membres responsables du projet. Ici, Solal et moi avons un intérêt commun pour les aspects plastiques et matériels de la photographie. Nous avons donc choisi des artistes explorant cette esthétique : Aliki [Christoforou] utilise une technique de tirage du XIXe siècle ; Sarah [Braeck] retouche ses images avec différentes amples, tandis que Marion mêle photo, gravure et art plastique. Ici on a retenu une quinzaine de travaux qui nous parlaient, ce qui a permis d'identifier une thématique commune pour créer une exposition cohérente.
Notre exposition de janvier faisait partie du PhotoBrussels Festival. Cela fait maintenant trois ans que le même binôme s’en charge, car leur méthode fonctionne bien. En général, ce festival aboutit à une exposition solo. Chacun peut y proposer ses idées, et habituellement nous faisons un brainstorming collectif. Cette année nous avons suivi directement la proposition du binôme sans cette étape de mise en commun.
SI : Un autre point auquel nous tenons dans notre sélection, c’est la place des artistes femmes. Pour l’exposition en cours, par exemple, nous avons choisi de montrer uniquement des œuvres de femmes. Ce n’est pas le thème de l’exposition, mais cela nous semble essentiel, car sinon, on risque vite de se retrouver avec une majorité d’artistes hommes : Il y a une création féminine extrêmement prolifique qu'il faut aussi mettre en valeur.
On effleure le sujet de l’exposition actuelle, Ce que la mer emporte... pouvez-vous nous en dire un peu plus sans trop dévoiler ?
TB : Oui, comme l’a mentionné Solal, c’est la première exposition collective dans l’espace lui-même – nous avons déjà organisé des expositions en extérieur, dans la rue. Cette fois, nous avons réuni trois artistes dont les pratiques explorent le paysage ou des éléments de la nature, un lien qui reflète aussi nos propres affinités artistiques. À travers ces œuvres, le thème de la mer s’est imposé de manière évidente. C’est une thématique qui résonne particulièrement en ce moment, que ce soit en lien avec la crise migratoire en Méditerranée, les problèmes écologiques comme la prolifération d’algues dues à la pollution, ou encore des perspectives plus positives, comme dans le travail de Sarah [Braeck]. Ce qui nous importait, c’était de pouvoir proposer plusieurs niveaux de lecture autour de cet élément maritime, à la fois humain et universel.
Quant à Marion [Colard], elle aborde la mer d’une manière plus personnelle et introspective, en lien avec son histoire et dans un processus cathartique. Cette dimension résonne avec une pratique artistique qui s'ancre dans l'expression des ressentis intérieurs, donnant naissance à des œuvres qui les extériorisent.
SI : Bien que les pratiques soient distinctes, elles se rejoignent toutes par une réflexion poussée sur la matérialité du médium photographique, un aspect qui nous tenait aussi à cœur. Ces artistes expérimentent pour créer des œuvres uniques, ce qui est une des richesses de cette exposition. À part la vidéo, chaque œuvre est unique dans son processus. Pour cela, nous avons aussi mis en place un petit making-of expliquant la méthode de travail de Marion ; c’est un peu comme un complément au cartel, une façon de donner quelques clés de lecture pour mieux appréhender son approche et le sens de ses créations.
On constate en effet l’absence de cartel. Ce choix est-il délibéré afin de favoriser l’échange lors des visites de l’exposition ?
SI : Oui, nous avons choisi de laisser cet aspect ouvert. Actuellement, c'est Téo et moi qui assurons les permanences. Sur place, nous accueillons les visiteurs et présentons le projet de La Nombreuse, mais nous faisons attention à ne pas trop nous immiscer dans leur expérience. Nous leur indiquons qu’il y a un texte sur le mur et un petit dépliant contenant des informations sur chaque artiste et leurs œuvres. Nous restons disponibles pour approfondir les discussions, répondre aux questions ou proposer une visite guidée si cela les intéresse. Ce n’est pas toujours nécessaire, donc nous n'imposons pas un modèle unique pour la visite, permettant ainsi à chacun de vivre ce moment à sa manière.
En ce qui concerne les perspectives pour La Nombreuse, quelles sont vos volontés en tant que collectif ?
TB : Notre priorité est de poursuivre nos activités, ce qui passe avant tout par la recherche de financements plus durables. Nous faisons également face à la problématique de la taille de l’espace : il est trop petit pour tout ce que nous aimerions y réaliser. Avec toutes les autres activités du groupe, nous manquons parfois de ressources. Chacun d'entre nous a sa propre carrière, donc il n'est pas possible de s'investir à temps plein dans ce projet. Nous devons donc réfléchir concrètement à la façon de continuer nos activités, en tenant compte des disponibilités de chaque membre.
SI : C’est vrai que la question du financement est réellement centrale. Nous sommes bénévoles au sein de l’association, et même si nous réussissons parfois à nous verser une petite rémunération, cela ne représente qu’une fraction du temps que nous consacrons à notre travail. C'est pourquoi nous avons demandé une convention : cela nous permettrait de réduire la charge administrative, car chaque année, nous devons rédiger plusieurs dossiers. Avec une telle convention, nous pourrions envisager des projets sur trois ans et éventuellement avoir les fonds pour embaucher une personne à mi-temps, ce qui ferait une énorme différence.
En ce qui concerne la rémunération des artistes, notre politique est claire : iels doivent être payé·es, c'est non négociable. Nos propres rémunérations viennent en second, en fonction des budgets restants après une exposition, et parfois nous diminuons notre salaire pour pouvoir payer les artistes. Nous sommes conscient·es que ce n’est pas la norme dans le milieu de la photographie belge, mais nous pensons qu’il est de notre responsabilité, en tant qu’auteur·ices, de faire évoluer les choses au sein de ce lieu culturel : il est essentiel de normaliser le fait qu’un·e artiste doit être rémunéré·e.
Concernant nos conférences fotofort1, nous fonctionnons à perte car nous rémunérons les intervenant·es. Bien que nous ayons un petit bar ouvert, cela ne compense pas les frais engagés. Pour l’instant, nous ne disposons pas d’un système de revenus qui nous assure une stabilité, ce qui nous rend dépendant·es des subventions pour exister.
TB : Oui, on voudrait établir quelque chose de plus pérenne. On a beaucoup fonctionné avec des subventions annuelles, ce qui est bien, mais cela signifie chaque année un retour à l’incertitude, avec une deadline de dossier à la fin de l’année et une réponse en milieu d’année suivante. Cela crée une instabilité quant à nos capacités d’action et à nos ressources. Récemment, il y a eu des coupes budgétaires dans le secteur culturel et donc des budgets moindres mais nous avons besoin de clarté concernant nos moyens financiers. Quand in fine on ne reçoit pas les fonds nécessaires pour nos activités, il nous incombe de les trouver, et on aimerait éviter cette situation.
SI : Malgré tout, il y a un amour profond pour ce qu’on a réussi à créer jusqu’à présent qui nous pousse à tenir bon et explique pourquoi on est prêt·es à mettre des sous de notre poche. Pour moi, tout ça est précieux.
TB : Effectivement, cela a généré des synergies entre nous, stimulant nos travaux personnels et faisant avancer chacun·e d’entre nous.
Et l’idée de poursuivre ce projet ailleurs ?
TB : Cela dépend de ce qu'on entend par « ailleurs » ! *rires*
SI : Oui, cela dépend aussi de la possibilité de conserver notre lieu actuel tout en ayant un autre espace. Nous sommes en contact avec la commune de Saint-Gilles, mais il reste à voir s'il existe des opportunités d’agrandissement. Cependant, cela nécessite également que des personnes soient présentes pour travailler, ce qui nous ramène à la question de la disponibilité et des moyens. Au début, nous étions très enthousiastes, porté·es par l'énergie des débuts, mais après quatre ans, il y a des limites. Nous avons des loyers à payer et nous devons vivre. Tout le temps que nous consacrons au bénévolat est du temps que nous ne pouvons pas consacrer à nos carrières et à notre revenu. C'est un peu « triste » de revenir à cette réalité, mais c'est ainsi.