Rencontre avec Simon Lejeune,
Dans le premier article de mon dossier consacré au wallon , j’ai mentionné l’existence de copin’rèyes à Louvain-La-Neuve : 1h30 de pratique hebdomadaire de cette langue régionale. L’immersion en copin’rèye clôturera notre voyage dans le monde walloncausan , mais pour l’heure, il est temps de découvrir qui se cache derrière cette initiative.
Cette personne, c’est Simon Lejeune, 22 ans, originaire d’un peu partout en Ardenne, et étudiant en Master en interprétation à Louvain-La-Neuve. Il s’est d’abord intéressé aux langues étrangères avant d’arriver au wallon par le biais de conversations avec sa grand-mère, locutrice native. Cela a renforcé son attachement à sa région et à son histoire, sa culture. Il décide donc de faire quelque chose pour cette langue en perdition et entre en contact avec Michel Francard, professeur émérite à l’UCL, à la tête du Musée de la Parole en Ardenne, que Simon intègre grâce à lui il y a trois ans.
« L’apprentissage n’est pas très confortable »
Simon a enrichi son savoir passif du wallon en parlant avec sa grand-mère, mais également grâce aux membres de l’association, et surtout en lisant énormément. Le Musée de la Parole est une grosse maison d’édition, qui sort annuellement cinq ou six livres écrits en wallon. Au cours de notre entretien, il me précise qu’il ne sait pas vraiment quel wallon il parle. Car s’il existe quatre zones dialectales distinctes que sont celles de Liège, de Namur, du wallo-picard (entre le Brabant Wallon et Charleroi), et du wallo-lorrain (parlé dans la province du Luxembourg sauf en Gaume et à Arlon), il est fort probable qu’elles se soient quelque peu mélangées. Simon estime parler un wallon ardennais, en tout cas. Il déplore qu’il n’y ait pas vraiment de cours de wallon, mis à part ceux de l’École de wallon de Namur (notons qu’il existe aussi le C.R.I.W.E. qui possède une large documentation en wallon à disposition des enseignants), mais il me précise ensuite que son association planche sur un cours avec livre et CD, qui devrait sortir d’ici quelques années.
En guise de promotion de la langue,Simon participe à Fou des rays , une émission sur TV LUX, préparée par le Musée de la Parole où les intervenants discutent en wallon de divers sujets. Et à côté de ce projet régional, Vivacité propose une émission hebdomadaire intitulée Stoemp, pékèt et des rawettes. Ce genre d’émission permet de toucher un public assez varié, mais c’est à Louvain-La-Neuve que Simon a décidé de s’investir encore plus en mettant en place des copin’rèyes , qui ont lieu depuis un an dans les locaux de la Fondation Humblet et rassemblent une dizaine d’étudiants. Il est déjà en recherche d’autres étudiants motivés pour perpétuer ces rencontres quand il aura fini ses études. « Pourquoi pas créer un KAP1 aussi ? », mais à nouveau il lui faut trouver des étudiants motivés.
Simon déclare pourtant qu’il a l’impression de se battre pour une cause perdue. Enfin, se battre sans ennemi autre que le déclin de la culture wallonne. Pour lui, « L’identité wallonne est très compliquée à définir, on se sent Belge parce qu’on n’est pas assez fier d’être Wallon. Et si on ne se sent pas Belge, on se sent plutôt très local ». Il aimerait que le wallon soit un peu plus protégé et valorisé au niveau politique, et qu’il soit défendu ailleurs que dans le milieu associatif qui ne touche malheureusement pas beaucoup de monde. Mais Simon reste positif : malgré le peu de visibilité, il continuera à s’engager pour faire vivre le wallon car cela reste une cause très importante à ses yeux, et surtout, perpétuer la transmission de cette langue séculaire le rend plutôt heureux.