« Comment peut-on être un homme quand on n'a pas de bite ? », c’est la question que pose le MIS Project dans le spectacle Sans titre ni bite au Théâtre de la Vie. Une plongée absurde dans l’univers du cabaret queer.
Charlie est un homme cliché : un pseudo mâle alpha employé dans une boîte d’affaires, confortablement casé avec une femme pas trop chiante, bien dans ses « bask » de trentenaire et surtout complètement ignorant de ses privilèges. Après une soirée arrosée avec ses collègues, Charlie se réveille, sa bite en moins. Paniqué, le jeune homme part à la recherche de réconfort, d’abord auprès de son collègue machiste, de sa sœur pseudo-woke et de sa mère un peu à la ramasse. C’est finalement en poussant les portes du Club Lamente, cabaret queer, que Charlie (Florent Lanquetin) trouvera un espace d’écoute et de tolérance.
Dans un spectacle léger et humoristique, le MIS Project détourne les codes de la masculinité patriarcale et explore les genres. À mi-chemin entre théâtre et cabaret, Sans titre ni bite invite les spectateur·ices à questionner les injonctions de genre (masculin) au moyen de performances cabaresques en tout genre ( lip-syncing , chant, danse contemporaine, arts martiaux, marionnettes, etc.). La scène du Théâtre de la Vie se transforme ainsi en scène de cabaret, avec un tapis noir et un rideau doré. Le tout entouré des fameux murs en brique rouge du théâtre, donnant un aspect « club underground alternatif ». Côté cour, les loges costumes et maquillage du Club Lamente permettent aux acteur·ices de se changer directement sur le plateau.
Robe à paillettes, boa, talons aiguilles, kimono, soutien-gorge en cuir, gants de boxe… les changements de costumes se multiplient au gré des performances de Mama (Emmanuël Hennebert), Canard Vilain (Mael Christyn) et Plastique (Iseult Brasselle). Si le spectacle est une sympathique entrée dans l’univers du cabaret drag et queer, l es habitué·es du Cabaret Mademoiselle ou de The Agenda pourraient en ressortir avec une pointe de déception. Pour les novices, comme pour notre protagoniste sans pénis, Sans titre ni bite sera sans aucun doute une merveilleuse invitation à découvrir le fabuleux monde des drag shows , à déconstruire leurs idées préconçues sur les identités de genre et à saisir les multiples manières d’exprimer son genre.
Charlie se rendra d’ailleurs compte que la perte de son sexe ne signifie pas la perte de son identité. Désormais conscient et instruit, le jeune homme retrouvera sa bite simplement en désignant son pronom comme « il » et en assumant son identité de genre masculin. Une conclusion simple et efficace, en accord avec les valeurs d’acceptation de soi prônées par la communauté LGBTQIA+. Une belle preuve que chacun·e est susceptible d’interroger les injonctions de genre du patriarcat et que notre anatomie ne doit pas nous coller une étiquette.
Bien que certaines réflexions auraient pu être poussées un peu plus loin, Sans titre ni bite est un beau moment de spectacle, simple, drôle et nécessaire pour ouvrir les portes du théâtre institutionnel à la communauté queer.