Worakls
Mélanger la musique electro à la musique classique, c’est l’ambition de Worakls (de son vrai nom Kevin Rodrigues) pour son premier album, après déjà dix ans de carrière et des productions à foison.
Orchestra , c’est l’histoire d’un musicien electro qui a eu envie de retourner à ses premières amours, à savoir le classique et, plus particulièrement, les musiques de film. Le compositeur a pensé cet album spécialement pour être joué et mixé directement sur scène avec un orchestre symphonique (cordes, bois, cuivres et percussions). Le pari était risqué, et comme l’artiste le dit lui-même dans une interview pour Radio FG1 , le plus difficile est de savoir où placer le curseur entre les deux styles, le risque étant de tomber dans le kitsch, voire d’être carrément inefficace. Ceci dit, le public de l’Aéronef de Lille semblait totalement conquis par l’énergie dégagée par l’association des genres.
Mes oreilles ne sont vraiment pas habituées aux vibes electro et j’avoue avoir fui la première partie du concert (assurée par un dj aux sonorités beaucoup moins recherchées à mon goût), mais la musique de Worakls m’a plu dès les premières notes. C’est entraînant, dansant, et puis surtout vraiment bien foutu. Depuis la mezzanine de la salle, je pouvais voir la foule (aux âges tout aussi variés que les influences de Worakls) se balancer sur le rythme des violons et des percussions. J’ai été véritablement fascinée, après être redescendue et m’être approchée de la scène, d’une part par l’énergie et le dynamisme des musiciens – notamment deux violonistes et un violoncelliste sur instrument électrique, mais surtout par l’énorme sourire de Worakls. La liberté et le gigantesque champ des possibles offert par la musique électronique lui permettent de jouer sa musique sans contrainte, sans pression, dans le plus pur plaisir du partage. Et ceci bien évidemment dans la continuité de ce qu’il fait déjà depuis une dizaine d’années sur YouTube avec son label Hungry Music. Worakls, toujours pour Radio FG, précise qu’il préfère avoir derrière lui un public que des médias ; c’est pourquoi il a patiemment développé une electro « organique » (c’est-à-dire qui utilise des instruments plus traditionnels), loin des codes de la musique commerciale et de ceux qui cherchent trop à changer le système.
Écouter l’album plus tranquillement par la suite m’a permis de ressentir le côté « musiques de film ». Chaque morceau possède son émotion et son expression propre : tantôt un mode un peu rêveur comme dans By The Brook ou Inner Tale , tantôt plus brut comme dans Entrudo . Le morceau où la musique classique me semble le plus mise en avant est sans hésiter Caprice . L’introduction fait penser au 3 e mouvement de l’ Été des Quatre saisons de Vivaldi, mais les sonorités electro rappliquent et se joignent aux violons assez rapidement. Pour parler plus généralement de l’album, malgré le côté un peu simple des compositions, l’ensemble est vraiment très intéressant à écouter ; une belle découverte d’un nouveau genre à aller voir en live dès que possible.