Cela fait des années que cette image hante littéralement mon écran d’accueil Windows, assemblage curieux et si détaillé qu’il semble de loin un mélange confus de formes et de couleurs. Que nenni, cependant ! En sortant vos loupes et microscopes, vous constaterez avec admiration que ces taches informes que vous distinguiez plus tôt étaient en réalité une multitude d’êtres monstrueux sortis des enfers japonais (et surtout, je dois l’avouer, de l’esprit singulier de l’artiste warholien Takashi Murakami).

On pourrait dès lors s’y perdre, de loin en loin, jusqu’au vertige, jusqu’à l’épilepsie, jusqu’à ce que, au fond, on ne se sente pas en pleine maîtrise de notre propre regard…. Et finalement dépassé, angoissé par ces présences qui débordent les tentatives de les balayer en une vision. In the Land of the Dead a quelque chose de terriblement grisant et aventureux, tout autant qu’il peut saisir, lorsque le doute s’installe, son public d’une terrible angoisse.

Je me demande parfois pourquoi je ne change pas cette œuvre, qui ne couvre même pas l’entièreté de l’écran et me laisse avec des bandes noires disgracieuses. Mais, il faut croire que je me suis habitué à vivre parmi eux, ou encore que je nourris une sourde culpabilité à ne pas avoir rendu justice à toi, là, dix-huitième personnage en partant de la droite, et que par conséquent je me dois de (un jour) l’examiner plus attentivement. Qui sait ?