Le Brussels Summer
Entre la Madeleine et la place des Palais, Bruxelles a déroulé son festival sur quatre scènes du 14 au 18 août. L’occasion pour Karoo de revenir sur nos immanquables, cinq prestations aux genres des plus variés à (re)découvrir !
Soviet Suprem (14 août 2018 – mont des Arts)
Soviet Suprem représente sans conteste notre plus belle surprise de ces cinq jours. Deuxième concert de la première date du festival, sur une des deux scènes principales, les deux Français ont su d’emblée capter l’attention d’un public qui le connaissait pourtant mal. Le groupe s’apparente à première vue à un duo humoristique, déguisé en uniforme militaire et se présentant sous les noms de John Lénine et Sylvester Staline. Avec aisance et assurance, ils entraînent leurs spectateurs dans leur univers déjanté, sous des élans punk-électro aux influences soviétiques traditionnelles. Continuellement accompagnés par des accords justes, précis mais discrets de trompettes, flûtes ou autres, le duo n’hésite pas à parler à son public. Il l’encourage ainsi à participer — en levant par exemple le petit doigt en l’air sous peine de finir au goulag, et à distiller des pseudo-discours politiques plein d’ironie en faveur de Poutine ou du communisme. Leur plus grande force réside dès lors dans leur prestance, qui engage naturellement le public dans des danses, rondes ou autres pogos bienveillants.
Glass Museum (17 août 2018 – mont des Arts)
Autre duo, belge cette fois, qui a su s’imposer de manière inattendue : Glass Museum. Avec leur douceur et leur savante simplicité caractéristique, les deux jeunes hommes ont présenté leur premier album Deux à un public rapidement conquis. D’un genre surprenant et hétéroclite, les deux jeunes hommes se font petit à petit leur place sur la scène belge avec leurs compositions instrumentales mélangeant le jazz moderne à l’électro. S'ils ont semblé légèrement impressionnés par la grande réputation du festival durant les quelques premières minutes, ils ont très vite trouvé de l’assurance et livré une performance habile et sans fausse note. Ils ont dès lors pu dérouler leur set list avec une complicité et une osmose évidentes, qui captivent les regards, appuyés par un décor scénique en lamelles de miroirs mouvants, qui complète leur identité assez mystique. Le pianiste et le batteur sont accompagnés au saxophone sur deux morceaux, offrant à leurs spectateurs un voyage mélancolique, moderne et percutant.
Orelsan (16 août 2018 – place des Palais)
Orelsan était probablement un des artistes les plus attendus de ce festival, clou d’une soirée de rap francophone après La Smala ou encore Roméo Elvis. Le BSF constituait également pour lui la dernière date de sa tournée qui a suivi son troisième album La fête est finie , ce qui a pu encourager une performance énergique, précise et bien rodée. Orelsan réalise une boucle presque parfaite, en entonnant son titre Basique en deuxième et dernière place, soutenu par un public qui scande en cœur les « basique/simple ! », prouvant ainsi au chanteur qu’il « connaît bien les bases ». Ironie du sort : la drache bien nationale qui s’abat sur la foule en fin de concert, quelques minutes à peine après le célèbre titre la Pluie . Rien ne semble pourtant entamer l’enthousiasme du public qui continue de se déhancher. Les fidèles finissent donc trempés mais enchantés par une performance largement à la hauteur de leurs espérances.
Pale Grey (17 août 2018 – La Madeleine)
Autre coup de maître : la prestation du groupe Pale Grey, qui s’est produit en tout intimité et simplicité à La Madeleine. La scène, en intérieur et légèrement reculée, encourage naturellement une ambiance plus personnelle, comme une bulle hors du temps au cœur d’un festival qui s’enchaîne à toute allure. Rien ne semblait pourtant plus naturel pour le quatuor que de livrer ses titres pop-rock-folk dans une ambiance décontractée. Ceux-ci sont principalement issus du dernier album, Wave , comme Late Night ou Billy , au plus grand plaisir des fans qui se sont fait entendre. Mais le groupe n’a pas hésité à reprendre d’autres morceaux plus anciens, presque avec nostalgie, comme Seaside ou encore Shame . D’un naturel et d’une proximité qui font du bien, le groupe a su interagir avec son public, notamment en débattant de sa reprise underground surprenante des Mots bleus de Christophe. Résultat : le groupe a entraîné ses spectateurs dans un univers profond et précis aux sonorités bien belges.
Thirty Seconds to Mars (18 août 2018 – place des Palais)
C’est sans surprise que Thirty Seconds to Mars clôture cette liste, comme il a également marqué la fin de cette édition du festival. Le groupe iconique de rock a agréablement surpris les inconditionnels par sa présence au festival local, et a sublimé le BSF avec une performance millimétrée, typiquement américaine. À coups de ballons géants lâchés dans la foule, de drapeaux, à l’effigie du groupe pour les fans, ou belge pour le chanteur, et de confettis, les frères Leto ont mené leur concert avec un charisme et une habitude qu’on leur reconnaît bien. Si l’on peut arguer que leur performance, légèrement trop orchestrée, a pu manquer de chaleur, on ne peut nier qu’elle aura ravie les nombreux fans. Jared Leto n’hésitera d’ailleurs pas à faire monter sur scène à ses côtés une bonne trentaine de personnes, que ce soit pour « faire danser les pires gesticulateurs » de la foule, ou pour offrir un final grandiose sur une scène remplie de chanceux. La place des Palais pleine à craquer s’est offert un véritable show aux sons de classiques, de This Is War à Hail to the Victor .