All the lonely people,
where do they all come from ?
Mais d’où viennent
tous ces gens solitaires ?
À part l’allusion évidente à l’une de leurs chansons phares dans le choix du nom du personnage principal, aucune autre référence aux Beatles n’est faite dans ces deux films. Cependant, ces paroles viennent subtilement en rythmer l’ensemble.
The Disappearance of Eleanor Rigby,c’est tour à tour l’histoire d’Eleanor et celle de Connor, un couple qui s’est éloigné et ne se parle presque plus depuis la mort de leur bébé. Cependant, cet élément déclencheur n’est que très peu présent dans l’histoire : on ne mentionne presque jamais le bébé, celui-ci n’est jamais montré à l’écran et sa mort n’est jamais clairement décrite. Si bien qu’il est difficile de comprendre le pourquoi de ce film sans en avoir lu le synopsis au préalable. En effet, l’histoire commence après la mort de l’enfant, alors que chacun des parents semble seul et désespéré. Ce n’est qu’à l’aide de flashbacks que, petit à petit, nous comprenons ce qui a mené à cette solitude prégnante.
Toute l’originalité réside toutefois dans le choix du réalisateur, Ned Benson, de décliner cette histoire en deux films distincts : Him et Her . L’histoire est donc vécue tour à tour selon deux points de vue différents : celui de Connor puis celui d’Eleanor. Bien que raconter la même histoire sous différents angles puisse sembler rébarbatif, on peut vite se rendre compte que les deux films s’imbriquent parfaitement l’un dans l’autre et que chacun d’eux apporte une dimension nouvelle à l’histoire. Grâce à ce procédé, les deux protagonistes sont placés sur un pied d’égalité et ce qui pouvait sembler incompréhensible à la vision de Her devient évident en regardant Him . Par cette pratique, Benson nous offre une vision très réaliste de la vie de tous les jours : il n’y a pas ici de bons et de méchants ; l’un qui a raison et l’autre qui a tort. Ces deux versions nous prouvent plutôt que chacun vit une tragédie de façon différente, et que si la réaction de l’autre peut nous sembler inappropriée et incohérente de prime abord, elle est toujours motivée par des raisons personnelles et justes. En regardant les deux versions de l’histoire, le spectateur n’a donc pas d’autre choix que de s’attacher aux deux personnages principaux, et n’en est que plus déchiré par leur éloignement.
Ces films contemplatifs mais pour le moins profonds ont le mérite de laisser le spectateur songeur face à sa propre vie. En effet, grâce à son habile procédé de deux versions, Benson nous offre deux films véritablement humains et ne portant pas de jugements.
Si l’histoire peut sembler simpliste et les dialogues un peu pauvres, on ne peut que souligner les performances de Jessica Chastain (Eleanor) et James McAvoy (Connor) qui subliment le drame par leur justesse. Les thèmes de l’amour et du deuil sont effectivement abordés avec beaucoup de pudeur et d’authenticité dans cette brève tranche de vie, ce qui chamboule naturellement le spectateur tout en lui laissant une impression de sérénité.