« Si vous ne deviez garder qu’une seule chanson pour le reste de votre vie, ce serait laquelle ? » Dilemme, question qui taraude, réponse éternellement changeante. Waltz de Craig Armstrong reste pourtant pour moi un point d’ancrage majeur.

Le bruit court que les paroles, litanie énigmatique de petits mots en allemand, énonceraient des lignes de codes html d’un e-mail dont le message serait tout simplement « I MISS YOU ». Si aucune confirmation officielle n’a pu être trouvée, la symbolique reste claire.

Le morceau fait état d’un mélange de technologie, figurée par des paroles insensées, répétées d’une manière robotique, froide malgré la douceur soufflée par la voix de la chanteuse ; et de sentiments, amenée par la composition orchestrale sincère, douce et compatissante. L’instrumental est aussi synonyme de déchirement, où les notes profondes au piano s’accompagnent d’une envolée au violon qui montent progressivement pour éclater comme une bulle de vérité dans un monde automatisé, avec ces trois petits mots en anglais : « Tu me manques ». Rupture, dégringolade des sentiments sincères qui se frayent un chemin dans un univers mécanique. Alliance du classique et du moderne dans un genre inclassable bien que proche de la trip hop, Waltz encense aussi la collision des deux mondes grâce au subtil mélange des deux langues : l’allemand puis l’anglais, l’une plus dure, l’autre plus lyrique.

Technologie versus sentiments ; instrumental versus chant ; allemand versus anglais, le tout créant un univers aux couches multiples où chaque écoute promet de nouvelles découvertes toujours avec une sensation de pure sincérité.