Plages de Catherine Barsics
L'été au prisme de l'introspection

Avec Plages, Catherine Barsics propose une étude sensible et expérimentale de nos manières d’habiter l’été. À travers une observation minutieuse des plages italiennes, elle déploie un regard réflexif sur notre rapport au corps, au temps et au monde. Dans ce second recueil, la douceur estivale perd peu à peu son innocence.
Publié aux éditions Abrapalabra1 dans la collection iF, Plages est le deuxième recueil de poésie, après Disparue, de l'autrice belge Catherine Barsics. Avec celui-ci, elle invite le lecteur à regarder à travers les yeux d’une narratrice en vacances sur les côtes italiennes. Sa poésie évoque l’imaginaire d’un été en suspens, où l’on se laisse volontiers bercer par la monotonie et le farniente. Elle n’hésite d’ailleurs pas à emprunter quelques mots à la langue italienne pour qu’on savoure un peu plus le dépaysement.
[…]
Je suis tour à tour
cara, signora
on me donne
du che brava
La passeggiata :
procession
sans silence.
Chaque poème est comme une photographie instantanée, une description visuelle de nos manières d’habiter l’été. Si cette poésie semble d’abord anodine, parfois même anecdotique, elle touche pourtant à quelque chose de plus profond : la perte d’une innocence, l’impossible apaisement. À travers des détails en apparence insignifiants – le travail des UV, le plaisir d’un nouveau maillot – Catherine Barsics esquisse des réflexions sur l’état du monde et de l’être : le rapport aux corps dénudés, les traces du réchauffement climatique…
[…]
Sécher
de manière aboutie
comme orbite tarie
par extinction des larmes
sous le poids de l’ozone.
Son style, limpide et sans fioritures, n’en demeure pas moins précis. L’autrice n’hésite pas à convoquer un mot soutenu ou une référence subtile pour affiner une sensation. La force du recueil réside dans cette oscillation entre observation et introspection, entre perception sensorielle et évocation existentielle. Par un langage à la fois concret et poétique, elle parvient à faire glisser le singulier vers l’universel.
Au fil des pages, la fin de l’été approche – et avec elle, une solitude qui, dès le début, rôdait déjà en latence. Plages se lit comme un recueil à la fois analytique et engagé, où les rivages ne sont pas seulement un décor, mais un miroir tendu à l’intime comme au collectif.