Le roman graphique commence par une mise en contexte de la vie de l’autrice : à ce moment-là, elle est déjà en couple avec son copain actuel. Ils emménagent ensemble, mais après un certain temps Alix se rend compte de douleurs lors des rapports sexuels. Elle en parle alors à une pharmacienne qui banalise son ressenti. Elle met au courant son copain, en parle avec des spécialistes : une gynécologue, une kiné, une psychologue et d’autres. Ils finissent par poser le doigt sur un « problème » bien connu : le vaginisme.

Alix tente alors de se réapproprier son corps et sa façon de percevoir son désir. Tout au long du récit, on la suit dans sa quête de soi. L’autrice se met à nu afin de de représenter et de venir en aide à une minorité bien trop silencieuse.

Alix Garin n’est pas seulement autrice : elle est aussi illustratrice et coloriste ; ce livre, c’est toute sa personne, jusque dans les moindres détails de sa réalisation. Dans la première partie où l'autrice traite de sa douleur et des difficultés qu'elle rencontre, les couleurs sont grisâtres, tristes, mais lorsqu’elle commence à se comprendre davantage, une palette plus chaude fait progressivement son apparition. Garin traduit donc aussi l’évolution de son personnage par la forme que prend son récit.

Le récit m’a bouleversée par le sujet abordé, et parce que je m’y suis reconnue. Il m’a permis de mettre un mot sur ce que je ressens et de comprendre que des solutions existent et que je ne suis pas condamnée à souffrir en silence, bien au contraire.

Ce livre est un cri du cœur pour dénoncer l’invisibilisation de nombreuses maladies, surtout chez les femmes. Au début du récit, la narratrice raconte toutes les consultations avec les médecins qui lui ont répondu que c’était normal ; des médecins qui n’ont pas cherché à comprendre et qui n’ont pas posé de questions. C’est aussi ce que dénonce Alix Garin : le manque de prise au sérieux de la souffrance féminine.

Ce roman graphique est un récit plus que personnel, mais dans lequel un grand nombre de lecteur·rices se sont reconnu·es. Impénétrable est une ode au questionnement de soi et à l’acceptation.

Charly Pagnoux