critique &
création culturelle
Cycle Truffaut (5) L’enfance

Les Quatre cents coups est le premier long métrage de Truffaut, celui qui le fit connaître au grand public. Il y aborde l’enfance, qu’il a déjà approché en 1957 dans l’un de ses courts métrages, Les Mistons . Il est aussi l’épisode fondateur de la saga Antoine Doinel , dont il était question ici . Un film inspiré par l’enfance du réalisateur, qui montre avec finesse et sensibilité la vie chahutée d’un enfant incompris.

Pendant huit semaines, des étudiants de la filière Elicit de l’ULB mettent à l’honneur l’œuvre de François Truffaut, un réalisateur qui a bouleversé les codes du cinéma. Des coups de cœur, des scènes cultes, des analyses… tout pour partager avec vous l’art d’un des chefs de file de la Nouvelle Vague. Un nouveau feuilleton signé Karoo !>

« Je ne suis pas tombé, j’ai glissé ». Telle est la phrase prononcée par un compagnon d’infortune d’Antoine lorsqu’il se retrouve enfermé dans un centre de détention pour mineur. A bien y réfléchir, cette phrase pourrait représenter à elle seule tout ce que Truffaut essaie de transmettre dans Les 400 coups . L’enfance glisse mais ne tombe jamais, ou plutôt jamais vraiment ; elle ne parvient pas à chuter, elle a cette faculté de toujours tenir sur ses appuis. Ceci est symbolisé par la fuite du jeune Doinel hors du centre de détention, qui finit, esseulé, sur une plage où il voit enfin cette mer qu’il fantasmait tant.

Cette plage, ce sable, cette eau : c’est le chemin des possibles qui s’offre à lui. Tout est alors envisageable, le temps est devant lui, encore indéterminé.

Cependant, en dehors de cette scène, qui reste le plus beau portrait de la puissance de l’enfance ; en dehors aussi de l’ensemble du film qui, malgré l’aspect profondément universel de son sujet, est profondément intimiste, je retiens particulièrement l’image de cet enfant dont le stylo coule, lors d’une dictée donnée par son professeur.

Il arrache les pages de son cahier pour tenter de rendre une copie propre, mais il perd du temps, son stylo coule toujours et le professeur continue la dictée dans un rythme effréné, laissant le jeune enfant désemparé. Cette scène m’évoque un passé, pas si lointain, dans lequel j’étais ce garçon.

C’est ce qu’il y a de si terriblement touchant dans ce conte réaliste de Truffaut. Nous pouvons nous identifier à chacun de ces gamins, ils feront écho à un vécu chez chacun d’entre nous. La force des quatre cents coups est d’être une fable animée qui nous renvoie en pleine face quelques souvenirs oubliés.

Finalement, j’ai été happé par la magie du récit, par ce qu’il a pu m’évoquer ; maintenant, je me repasse mes 400 coups à moi, dans le grenier de mon esprit.

Même rédacteur·ice :

Les Mistons
Son second court métrage réalisé en 1957
Avec Bernadette Lafont et Gérard Blain
26 minutes

L’enfant sauvage
Réalisé par François Truffaut
France, 1969
Avec Françoise Seigner, Jean-Pierre Cargol et François Truffaut lui-même
85 minutes

L’argent de poche
Réalisé par François Truffaut
France, 1976
Avec Bruna Staab, Jean-François Stévenin, Georges Desmouceaux
105 minutes

Les quatre cent coups
Réalisé par François Truffaut
France, 1959
Avec Jean-Pierre Léaud, Claire Maurier, Albert Rémy
99 minutes